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 Extrait du livret / From the liner notes


Alia Vox
AVSA9926



Code-barres / Barcode : 8435408099264

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ORIGINES

Peut-être tout a-t-il commencé, dans les premiers jours du siècle naissant, ou peut-être au milieu d’une obscure nuit d’hiver de la belle année 1400. Un siècle où l’on commençait à connaître les merveilleuses histoires et les odyssées d’une ancienne civilisation millénaire redécouverte, celles de temps antiques dans lesquels les philosophes étaient des maîtres de sagesse et d’humanité et où la musique, entre les mains d’Orphée était capable d’amadouer les fauves les plus sauvages. Au milieu de tant de nouveautés et de merveilles, il n’est pas étonnant que quelque vieux ménestrel ait pu imaginer sur son instrument à corde, un son nouveau plus riche et plus expressif, en pensant à une musique nouvelle, une musica nova qui permettrait de fusionner sur un seul instrument le chant amoureux de l’ancienne fidula d’arc, du rebab ou du rebec des troubadours avec les douces pulsations du vieux luth mauresque, porteur de belles harmonies et de rythmes pleins de joie. Ce luth mauresque, un instrument qui fut remplacé par la vihuela de mano ou viole de main, après les successives expulsions d’Espagne des Juifs en 1492 et des Maures en 1609.

 

Nous voici à l’aube d’une nouvelle étape de la civilisation européenne laissant derrière elle le vieux Moyen Âge et qui, grâce à la découverte de l’antique civilisation grecque, commence à donner vie à un nouveau monde plein d’idéaux et d’espérance, de beauté et de créativité, de découvertes mais aussi de conflits, de sagesse comme de fanatisme ; un monde qui, en définitive, cherche à situer l’homme au centre de la vie.

 

NAISSANCE DE LA VIOLE D’ARCHET

C’est à ce moment que naît ce nouvel instrument à archet que l’on nommera viole de gambe, viole d’archet ou vihuela de arco, nom auquel on peut ajouter une marque générique pour la nouvelle période, celle de « viole renaissance ». Comme le luth renaissance, ce nouvel instrument à 6 cordes s’accorde en quartes, tierce et quartes, et sept « frettes » qui divisent la quinte en demi-tons et permettent à chaque note de garder et projeter sa résonnance naturelle.

 

Comme le démontre Ian Woodfield dans son livre The Early History of the Viol (Cambridge University Press, 1984), c’est sur les terres de Valence que les premières images de ce nouvel instrument ont été saisies pour l’éternité dans les dernières années du XVe siècle. Les premières peintures de ce nouvel instrument, réalisées autour des années 1480, peuvent être vues dans les églises de Sant Feliu à Xativa (Valence) et à Sant Esteve de Valence, ainsi que sur d’autres peintures du début du XVIe siècle, des peintures anonymes de l’école valencienne ou de l’école majorquine, représentant le « Couronnement de la Vierge » que l’on peut voir au Musée des Beaux Arts de Valence ou la « Dormition de la Vierge » également de l’école valencienne, conservée au Musée des Beaux Arts de Barcelone.

L’ENSEMBLE DE VIOLES

L’autre grande nouveauté avec la création de ce nouvel instrument a été de l’imaginer imitant les différentes voix humaines, c’est-à-dire, en le fabriquant aux différentes mesures correspondant aux tessitures des voix humaines, comme soprano, alto, ténor et basse. C’est ainsi que naît le « consort de violes » ou ensemble de violes, l’une des formations fondamentales de la musique de chambre de la Renaissance et du début du Baroque du XVIIe siècle. Comme pour l’invention de l’instrument, l’on peut situer les premières créations musicales pour ce nouvel instrument dans le cadre des activités des rois de la Couronne Catalano-Aragonaise, à commencer par Alphonse le Magnanime qui, lancé à la conquête de Naples en 1442, y établit sa cour et crée la première Académie des Arts. Peu après, il y aura la cour valencienne de Germaine de Foix, sœur de Louis XII de France, deuxième épouse de Ferdinand le Catholique (1505-1516) et remariée en 1526 à Ferdinand d’Aragon, duc de Calabre (Andria, 1488-Valence 1550) aristocrate de sang royal et d’origine napolitaine qui jouera un grand rôle dans la politique méditerranéenne de la couronne Catalano-Aragonaise au début du XVIe siècle et qui en compagnie de sa femme sera vice-roi de Valence.

 

D’une égale importance est l’apport de la ville de Venise, véritable Porte de l’Orient, qui durant plus de deux siècles sera l’un des centres les plus actifs pour la création et l’édition musicales de toute l’Europe.

 

LA NOVA MUSICA

Dans le répertoire instrumental, peu après avoir expérimenté l’interprétation des chants vocaux par des instruments, très vite on édite les œuvres spécialement dévolues à être jouée sur l’orgue, le luth, les violes et toutes sortes d’ « autres instruments » comme on peut le lire sur de nombreuses éditions de l’époque et comme le mentionne concrètement la préface du recueil Musica Nova de pièces instrumentales publiées à Venise en 1540 (d’où provient le beau Ricercare XIV de Girolamo Parabosco sur l’antienne Da Pacem, exposée comme cantus firmus de la voix de ténor ainsi que des autres différentes voix). C’est justement ce titre qui nous a inspiré l’idée et le contenu de cet enregistrement. À cette époque, naissent comme « nouvelles musiques » les Canzone per sonare au moment même où se développent de nouveaux paramètres harmoniques et rythmiques dans la musique de danse ainsi que les complexités contrapuntiques d’œuvres polyphoniques (Fantasies, In nomine, Tientos, Canzoni, etc). L’ensemble homogène du « consort » de violes se trouve être l’instrument idéal pour réussir au mieux cette musique da camera, celle où toutes les voix s’équilibrent harmonieusement entre elles, sans qu’aucune ne s’impose aux autres.

 

Très rapidement la pratique musicale privée et sociale de ces instruments s’étendit aux cercles de la cour et de la bourgeoisie, dans la plupart des pays européens : l’Italie, la France, les Flandres, la Castille, l’Aragon et la Catalogne et tout particulièrement l’Allemagne et l’Angleterre des époques élisabéthaine et jacobine (jusqu’à la fin des années du Commonwealth et de la Restauration). C’est dans ce dernier pays que l’on trouve les compositeurs les plus créatifs (Christopher Tye, William Byrd, Thomas Tallis, John Dowland, John Jenkins, William Lawes, Henry Purcell, etc.) alors qu’en même temps, la viole de gambe et l’ensemble de violes deviennent très populaires. C’est au point que dans les années 1550 à 1650, en cas d’invitation à déjeuner ou dîner dans certains cercles aristocratiques ou bourgeois britanniques, ne pas savoir jouer de la viole était une cause sérieuse de discourtoisie, tant il était probable que le repas se terminerait par la participation à un « consort » en jouant (sur une viole prêtée) l’une des voix des Consort songs, danses, In nomine et Fantasies, assurant ainsi une joyeuse soirée. Souvenons-nous que cette « époque dorée » pour le consort de violes s’achèvera à la fin du XVIIe siècle avec les fabuleuses Fantasies for the Viols de 1680 pour un ensemble de 4,5,6 et 7 violes du jeune Henry Purcell âgé de 21 ans.( ALIA VOX 9859)

 

RECHERCHES ET PREMIERS ENREGISTREMENTS : 1966-1973.

Le présent enregistrement présente un florilège des musiques les plus représentatives de ce répertoire musical, une Musica Nova évocatrice d’une Harmonie des Nations idéale qui, comme nous pouvons l’observer, se développe dans une véritable Europe Musicale « avant la lettre ». Un répertoire que j’ai commencé à fréquenter –il y a plus de 50 ans– avec l’ensemble Ars Musicæ de Barcelone, dirigé par le Maestro Enric Gispert dans les années 1966-1967 (Enregistrements La Música a Catalunya del Romànic al Renaixement en 1966 et Songs of Andalusia: Music From The Middle Ages And Renaisance avec HMV (His Master’s Voice) en 1967, avec la soprano Victoria de los Angeles) puis entre 1968 et 1970 à la Schola Cantorum Basiliensis sous la direction de mon professeur le Dr. August Wenzinger. Enfin à partir de 1971, avec l’ensemble Ricercar de Michel Piguet (Enregistrements Die Instrumentalvariation in der Spanischen Renaissancemusik et Praetorius–Terpsichore avec EMI en 1973, Danses et musiques de la Renaissance italienne avec Erato Records en 1975).

 

HESPÈRION XX : 1973-1999

Avec la création d’HESPÈRION XX en 1973 et le début de mon enseignement en tant que professeur titulaire pour la Viole de gambe et la Musique de chambre à la Schola Cantorum Basiliensis (Bâle – Suisse), commence une étape nouvelle et fructueuse où nous avons pu développer un travail important de recherche, d’interprétation et d’enregistrements de ces répertoires, grâce à l’incorporation dans un nouvel ensemble de violes de mes premiers disciples les plus talentueux comme Christophe Coin, Pere Ros, Paolo Pandolfo, Lorenz Duftschmid, Sergi Casademunt, Imke David, Eunice Brandão, Sophie Watillon auxquels se joindront pour les projets les plus importants, (comme les Fantaisies de Purcell) des spécialistes comme Wieland Kuijken, Philippe Pierlot et Marianne Muller. C’est ainsi que nous avons pu préparer chaque année de nouvelles productions en concert puis au disque, grâce à l’intérêt et à la collaboration fidèle, depuis 1976, d’importants producteurs internationaux :

 

Gerd Berg de la firme EMI Electrola avec qui nous avons enregistré Weltliche Musik im christlichen und jüdischen Spanien (1450-1550) en 1976; Canciones y Danzas de España, Songs and Dances from the Time of Cervantes (1547-1616) en 1977; Samuel Scheidt: Ludi Musici en 1978; El Barroco Español – Tonos humanos & Instrumental music (c.1640-1700) en 1978; Giovanni Gabrieli / Giuseppe Guami : Canzoni da sonare en 1979; Renaissance music from the Neapolitan Court, (1442) en 1984; William Brade: Consort Music en 1983 Deutsche Harmonia Mundi; Antonio De Cabezón: Spanische Instrumentalmusik zur Zeit Karl V. EMI en 1985.

 

Alfred Krings de la production de la WDR (West Deutsche Runfunk) accompagné du “Tonmeister” Thomas Gallia. Edités par Deutsche Harmonia Mundi. William Brade: Consort Music en 1983; Johann Hermann Schein: Banchetto musicale en 1986, Andreas Hammerschmidt: Vier Suiten aus “Erster Fleiss” en1986.

 

Michel Bernstein de la maison de production Astrée (France) avec Thomas Gallia (maître du son): Musicque de Ioye (1550) en 1978; Orlando Gibbons: Fantaisies royales en 1980; John Coprario: Consort Musicke en 1980; Orlando di Lassus: Sacræ Cantiones
en 1981; Eustache du Caurroy: XXIII Fantasies en 1983;
 Johann Sebastian Bach: Die Kunst der Fuge en 1986; John Dowland: Lachrimae or Seven Teares (1604) en 1988; Christopher Tye: Lawdes Deo, Complete Consort Musicke
en 1989; Johann Rosenmüller: Sonata da Camera e Sinfonie en 1989; Diego Ortiz: Recercadas del Trattado de Glosas (1535) en 1990.

 

Nicolas Bartholomée et Manuel Mohino pour Astrée : John Jenkins: Consort Music in Six Parts en 1990;
 Matthew Locke: Consort of Fower Parts en 1994; Lluís del Milà: Fantasies, Pavanes & Gallardes, en 1995; Henry Purcell: Fantasias for the Viols en 1995; Samuel Scheidt: Ludi Musici II en 1997.

 

Nicolas Bartholomée pour Alia Vox avec HESPÈRION XX à partir de 1997 : Cabanilles (1644-1712): Batalles, Tientos & Passacalles en 1998 et Elizabethan Consort Music, 1558-1603 en 1998.

 

HESPÈRION XXI : 2000-2018

Enregistrements faits pour Alia Vox par Nicolas Bartholomée : Anthony Holborne: The teares of the Muses (1599) en 2000; William Lawes 1602-1645: Consort Sets in Five & Six Parts en 2002; Alfonso Ferrabosco, the Younger: Consort Music to the Viols in 4, 5 & 6 parts en 2003. Enregistrements faits pour Alia Vox par Manuel Mohino : Lachrimæ Caravaggio en 2007, Henry Purcell: Fantasias for the Viols (1680) ré-edition en 2008, Ministriles Reales: Música instrumental de los Siglos de Oro – Del Renacimiento al Barroco 1450-1690 en 2009, John Dowland: Lachrimae or Seaven Teares ré-edition en 2013.

 

Après plus de 50 ans de pratique ininterrompue entre concerts et enregistrements de ce fascinant patrimoine, nous avons voulu réunir dans ce CD une sélection des meilleurs exemples d’œuvres des XVIe et XVIIe siècles, consacrés à l’ensemble de violes ou d’œuvres conservées dans leur version pour clavier (comme c’est le cas des œuvres de Joan Cabanilles, Pedro de Araujo et Pedro de San Lorenzo), qui peuvent être interprétées par ces instruments. Nous souhaitons ici offrir un hommage très particulier à ces merveilleuses musiques qui ont tant contribué au développement d’une dimension musicale poétique et expressive incomparable en même temps que célébrer la beauté exceptionnelle et la diversité de ces musiques : danses, fantaisies, In nomine, Caprici, Ricercari, Sonates, Consonances, Folies et Lachrimae, imaginées par les plus grands maîtres de la Renaissance et du Baroque. Nous mettons ainsi en évidence une Europe musicalement diverse mais toujours en dialogue et qui permit aux musiciens de voyager en toute liberté. Nous verrons ainsi des musiciens espagnols (Diego Ortiz) et catalans (Joan Arañés) en Italie, des Italiens en Angleterre (Innocenzio Alberti), des Anglais en Italie (John Cooper qui change son nom en Giovanni Coperario
 après son séjour en Italie), des Allemands à Venise (Johann Rosenmüller), des Anglais en Allemagne (William Brade) et au Danemark (John Dowland), des Français en Italie (Marc-Antoine Charpentier) ou des Italiens en France (Luigi Rossi, Jean Baptiste Lully). C’est l’Europe culturelle qui montre son meilleur visage et rend possible le partage des idées et de la beauté, d’échanger dans la liberté, grâce à la créativité d’un art novateur et inspirant qui a su proposer et défendre ses meilleurs artistes.

 

L’ÉMOTION ET LA JOIE DES PLEURS

Si par moments le son mélancolique des violes semble dominer l’esprit joyeux et rythmé des danses, souvenons-nous que c’est pour mieux capter la douce expressivité des affects humains, des émotions qui, comme nous le rappelle John Dowland, peuvent paraître contradictoires. Le grand Anglorum Orfeus nous dit dans le Prélude de ses Lachrimæ or Seven Teares de 1604 que « bien que le titre soit prometteur de larmes, …nul doute cependant que ne plaisent celles versées par la Musique, et que pleurs ne naissent point toujours dans la peine, mais parfois dans la joie et le bonheur ».

 

JORDI SAVALL

Vienne et Bellaterra
Janvier et Février 2018
Traduction : Klangland

 

 
ENGLISH VERSION

 

A new instrument for a new of music

 

ORIGINS

Perhaps it all goes back to one dark winter’s night of the incipient and hope-filled year of 1400, at the dawn of a century that had just begun. A century which was soon to unravel the marvellous stories and odysseys of a newly rediscovered millennial civilization, an ancient era when philosophers taught wisdom and humanity, when the music of Orpheus could tame even the most savage of beasts. In the midst of so many novelties and marvels, it is no wonder that minstrels aspired to a new, more expressive and richer sound, to create a musica nova, or a new music, that came from a single instrument combining the love song of the old vihuela de arco or bowed fiddle, the rebab or troubadour’s rebec, and the sweet sounds of the Moorish lute, with its potential for beautiful harmonies and joyful rhythms, which gave way to the vihuela de mano in the wake of the successive expulsions of the Jews in 1492 and the Moriscos in 1609.

 

It was the dawn of a new era of European civilization, poised to leave behind the old Middle Ages, and which, thanks to the rediscovery of Ancient Greek civilization, began to shape a new world full of ideals, hope, beauty and creativity, of discoveries and conflicts, of wisdom as well as fanaticism, but one which would nevertheless seek to put man at the centre of life.

 

BIRTH OF THE VIOLA D’ARCO

It was at this time that a new bowed instrument was born: the viola da gamba, viola d’arco or vihuela de arco, which, in honour of the new age was also called the “Renaissance viola”. Like the Renaissance lute, this new instrument had 6 strings tuned in fourths, with a major third in the middle, and also had seven frets, which divided the fifth into semitones, allowing each note to retain and project its natural resonance.

 

As Ian Woodfield demonstrates in his book The Early History of the Viol (Cambridge University Press 1984), it was in Valencia that this new instrument was immortalised on canvas at the end of the 15th century. The first paintings of the new instrument, dating to around 1480, can be found in the churches of Sant Feliu in Xàtiva (Valencia) and Sant Esteve in Valencia. Other representations dating from the beginning of the 16th century include the anonymous painting belonging to the Valencian or Majorcan School depicting “The Coronation of the Virgin”, which hangs in the Fine Arts Museum in Valencia, and “The Dormition of the Virgin”, also belonging to the Valencian School, which hangs in the Fine Arts Museum in Barcelona.

 

THE VIOL CONSORT

The other major novelty in the creation of the new instrument was that it was made to imitate the various human voices, in other words, the respective ranges of the human voice, such as soprano, alto, tenor and bass. And so the consort of viols was born, one of the fundamental instrumental ensembles of Renaissance and early Baroque chamber music of the 17th century. As with the invention of the instrument, the earliest musical creations for this new ensemble emerged from the musical activities surrounding the monarchs of the Catalano-Aragonese Crown, starting with Alfonso the Magnanimous, who established his court in Naples following his conquest of the city in 1442. There he created the first Academy of Arts, which was soon emulated at the Valencian court by Germaine of Foix, the sister of Louis XII and second wife of the Catholic Monarch Ferdinand II of Aragon (1505-1516). In 1526 she married the son of King Frederick II of Naples, Ferdinand of Aragon, Duke of Calabria (Andria, Puglia 1488-Valencia 1550). He was a key player in the Mediterranean politics of the Catalano-Aragonese Crown at the beginning of the 16th century, and Ferdinand and Germaine became viceroys of Valencia.

 

No less important was the contribution of the city of Venice, a veritable “Gateway to the Orient”, which for more than two centuries was one of the most prolific centres of musical composition and music publishing in Europe.

 

THE “NEW MUSIC”

In the instrumental repertory, the experiment of performing vocal songs on instruments was soon followed by the composition and publication of works specifically designed to be played on the organ, lute, viols and all kinds of “other instruments”, as can be seen from numerous scores printed during that period, particularly as mentioned in the preface to the Musica Nova collection of instrumental pieces published in 1540 at Venice, from which we have selected Hieronimus Parabosco’s beautiful Ricercare XIV on the antiphon “Da Pacem” played as a cantus firmus in the tenor voice which is also present in the other voices. Indeed, it was this piece that inspired the idea and the contents of the present recording. The “new music” of the Canzone per sonare, together with the development of new harmonic and rhythmic parameters in dance music and the contrapuntal complexities of polyphonic works (Fantasies, In nomines, Tientos, Canzoni, etc.), found in the homogeneous ensemble of the viol consort the ideal means of producing the best “chamber” music, allowing all the voices to achieve a harmonious equilibrium without any one of them dominating the rest.

 

Private and social musical practice using these instruments very rapidly spread in bourgeois and court circles in the majority of European countries such as Italy, France, Flanders, Castile, Aragon and Catalonia, and especially Germany and England under Queen Elizabeth I and King James I  (until the end of the Commonwealth and the Restoration). England was the home of the most creative composers for the viol, including Christopher Tye, William Byrd, Thomas Tallis, John Dowland, John Jenkins, William Lawes, Henry Purcell, etc., and, at the same time, it was in England that the viola da gamba and the viol consort rose to great popularity – so much so, in fact, that from the mid-16th to the mid-17th century, if a guest who was invited to lunch or dinner in certain aristocratic and bourgeois circles in Britain and could not play the viol, it might be considered a serious social failing, as after the meal guests would most likely be offered a viol and invited to play one of the parts in the consort that would invariably perform Consort Songs, dances, In Nomines or fantasies at the end of an evening’s entertainment. This “golden age” of the viol consort concluded at the end of the 17th century with the 21-year-old Henry Purcell’s fabulous Fantasias for the Viols, composed in 1680, for consorts of 4, 5, 6 and 7 viols (ALIA VOX 9859).

 

RESEARCH & EARLY RECORDINGS: 1966-1973

The present recording offers a selection of the most representative music from this repertory, a Musica Nova evoking an ideal Harmony of the Nations, which as we can see, evolved within the context of a veritable Musical Europe “avant la lettre”. It is a repertory that I began to work on more than 50 years ago with the ensemble Ars Musicæ de Barcelona under the direction of Maestro Enric Gispert, from 1966 to 1967 (recordings La Música a Catalunya del Romànic al Renaixement in 1966 and Songs of Andalusia: Music From The Middle Ages and Renaisance under the HMV (His Master’s Voice) label in 1967, with the soprano Victoria de los Ángeles, and subsequently from 1968 to 1970 at the Schola Cantorum Basiliensis under the direction of my teacher Dr. August Wenzinger, and from 1971 with Michel Piguet’s ensemble Ricercar (recordings Die Instrumentalvariation in der spanischen Renaissancemusik and Praetorius–Terpsichore under the EMI label in 1973, Danses et musiques de la Renaissance italienne under the Erato Records label in 1975).

 

HESPÈRION XX: 1973-1999

With the creation of HESPÈRION XX in 1973, which occurred at the same time as I began my teaching career as professor of viola da gamba and chamber music at the Schola Cantorum Basiliensis in Basel, Switzerland, marked the beginning of a fruitful new period, during which we carried out extensive research, performance and recording in this repertory, thanks to the enlargement of the new viol ensemble to include my first talented students – Christophe Coin, Pere Ros, Paolo Pandolfo, Lorenz Duftschmid, Sergi Casademunt, Imke David, Eunice Brandão and Sophie Watillon. For our major projects (such as Purcell’s Fantasias), they were joined by other specialists including Wieland Kuijken, Philippe Pierlot and Marianne Müller. Thus, every year we were able to prepare new programmes that we performed in concerts and then recorded, thanks to the unwavering interest and collaboration, from 1976, of major record international producers:

 

Gerd Berg, from the musical production company EMI Electrola (Germany), with whom we recorded: Weltliche Musik im christlichen und jüdischen Spanien (1450-1550) in 1976; Canciones y Danzas de España, Songs and Dances from the Time of Cervantes (1547-1616) in 1977; Samuel Scheidt: Ludi Musici in 1978; El Barroco Español – Tonos humanos & Instrumental music (c.1640-1700) in 1978; Giovanni Gabrieli / Giuseppe Guami – Canzoni da sonare in 1979; Renaissance music from the Neapolitan Court, (1442) in 1984; William Brade: Consort Music in 1983 Deutsche Harmonia Mundi; Antonio de Cabezón: Spanische Instrumentalmusik zur Zeit Karl V. EMI in 1985.

 

Alfred Krings from the production company of WDR (West Deutsche Runfunk) with “Tonmeister” Thomas Gallia. Released by Deutsche Harmonia Mundi. William Brade: Consort Music el 1983; Johann Hermann Schein: Banchetto musicale in 1986, Andreas Hammerschmidt: Vier Suiten aus “Erster Fleiss” in 1986.

 

Michel Bernstein, from Astrée/Auvidis, France (Louis Bricard) with Thomas Gallia (sound engineer): Musicque de Ioye (1550) in 1978; Orlando Gibbons: Fantaisies royales in 1980; John Coprario: Consort Musicke in 1980; Orlando di Lassus: Sacræ Cantiones
in 1981; Eustache du Caurroy: XXIII Fantasies in 1983; Johann Sebastian Bach: Die Kunst der Fuge in 1986; John Dowland: Lachrimae or Seven Teares (1604) in 1988; Christopher Tye: Lawdes Deo, Complete Consort Musicke
in 1989; Johann Rosenmüller: Sonata da Camera e Sinfonie 1654-1682 in 1989; Diego Ortiz: Recercadas del Trattado de Glosas (1535) in 1990.

 

Nicolas Bartholomée and Manuel Mohino for Astrée/Auvidis: John Jenkins: Consort Music in Six Parts in 1990;
 Matthew Locke: Consort of Fower Parts in 1994; Lluís del Milà: Fantasies, Pavanes & Gallardes, in 1995; Henry Purcell: Fantasias for the Viols
in 1995; Samuel Scheidt: Ludi Musici II in 1997.

 

Nicolas Bartholomée for Alia Vox with HESPÈRION XX from 1997: Cabanilles (1644-1712): Batalles, Tientos & Passacalles in 1997, Elizabethan Consort Music, 1558-1603 in 1998.

 

HESPÈRION: XXI 2000-2018

Recordings for Alia Vox by Nicolas Bartholomée: Anthony Holborne: The teares of the Muses (1599) in 2000; William Lawes 1602-1645: Consort Sets in Five & Six Parts in 2002; Alfonso Ferrabosco, the Younger: Consort Music to the Viols in 4, 5 & 6 parts in 2003. Recordings for Alia Vox by Manuel Mohino: Lachrimæ Caravaggio in 2007, Henry Purcell: Fantasias for the Viols (1680) reissued in 2008, Ministriles Reales: Música instrumental de los Siglos de Oro – Del Renacimiento al Barroco 1450-1690 in 2009, John Dowland: Lachrimae or Seaven Teares reissued in 2013.

 

Finally, after more than 50 uninterrupted years of concerts and recordings based on this fascinating repertory, we decided to bring together in this CD a selection of the finest examples of 16th and 17th century works devoted to the viol consort, as well as works which have been preserved in the version for keyboard (as in the case of those by Joan Cabanilles, Pedro de Araujo and Pedro de San Lorenzo), but which can also be played using these instruments. We wish to pay a very special tribute to all this wonderful music which has contributed to the development of an incomparably poetic and expressive musical dimension, while at the same time celebrating the extraordinary beauty and diversity of these Dances, Fantasias, In Nomines, Caprices, Ricercari, Sonatas, Consonances, Folias and Lachrimae created by the greatest masters of the Renaissance and the Baroque. At the same time, we aim to highlight a Europe of musical diversity and dialogue, where musicians were able to travel with total freedom. Spanish and Catalan musicians such as Diego Ortiz and Joan Arañés were active in Italy; Italians such as Innocenzio Alberti travelled to England; English musicians, such as John Cooper, went to Italy (Cooper changed his name to Giovanni Coperario following his time there); German musicians, among them Johann Rosenmüller, resided in Venice; English musicians, such as William Brade and John Dowland, travelled to Germany and Denmark, respectively; French musicians, including Marc-Antoine Charpentier, travelled to Italy; and Italians, such as Luigi Rossi and Jean-Baptiste Lully, pursued their careers in France. It was the best face of a Europe of culture, which enabled artists to freely exchange and share ideas and beauty, thanks to the creativity of an unfailingly inspirational and innovative art proposed and practised by its finest artists.

 

EMOTION AND THE JOY OF TEARS

If at times the melancholy sound of the viol consort seems to predominate over the cheerful, rhythmic character of the dances, we should remember that it is thanks to this quality that it is able to capture the tender expressiveness of human affections, emotions which, as John Dowland reminds us, can appear to be contradictory. The great English “Orpheus” (Anglorum Orpheus) tells us in the dedication to his Lachrimæ or Seven Teares of 1604 that “Though the title doth promise tears, … yet no doubt pleasant are the teares which Musick weeps, neither are tears shed always in sorrow, but sometime also in joy and gladnesse.”

 

JORDI SAVALL

Vienna and Bellaterra

January and February 2018

 

Translated by Jacqueline Minett

 

 

 

 

  

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