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Classica # 133 (06/2011)
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Mirare
MIR136




Code-barres / Barcode: 3760127221364 (ID162)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

Visitée après l’imposante cathédrale érigée par John Eliot Gardiner (« Choc », Classica n° 132), l’église bâtie par Philippe Pierlot évoque la sereine intimité d’une chapelle romane. Le Ricercar Consort limite en effet ses effectifs à vingt-trois instrumentistes et huit chanteurs, ces derniers assurant autant les solos que les choeurs. Il s’approche davantage de la grâce aristocratique des peintures du Quattrocento que des figures populaires grimaçantes et du réalisme sanglant des retables germaniques. Si cette option interprétative s’écarte de « l’épouvante sacrée » et d’une «composition théâtrale […] à couper le souffle » annoncées dans le texte de présentation, elle conserve une absolue cohérence entre les moyens et le but. Fallait-il pour autant distribuer un évangéliste souvent dépassé par les exigences de la partition et de l’air « Ach, mein Sinn »? Moins de décibels ne signifie cependant pas moins de musique ni moins d’émotions. Les airs de Maria Keohane, les interventions de Stephan MacLeod (l’arioso 19 à partir duquel le ciel noir de la tragédie s’illumine du soleil de l’espoir), la ductilité des chorals et des gestes cursifs propres à restituer les différents moments en témoignent. Mais une Passion selon saint Jean sans vrai évangéliste...

Captée en concerts, la seconde version de Frans Bruggen (pre mière pour Philips en 1992), bénéficie, au contraire de l’évangéliste ardent et fier orateur de Markus Schäfer dont le timbre et l’engagement évoquent Peter Schreier. Mais il ne peut seul conduire toute l’équipe, le chef semblant désespérément absent ou, si l’on préfère, figé dans une posture orante et éplorée, révélée dès le premier choeur et ses « Herr » murmurés, voire suppliés. Les solistes ne peuvent donc rien, pas même Carolyn Sampson dont le timbre lumineux doit aussi porter le voile du deuil. 

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