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Diapason # 620 (01/2014)
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Glossa
GLO921208



 Code-barres / Barcode : 8424562212084 (ID373)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Philippe Ramin
 

La musique italienne du XVIIe siècle représente un tournant décisif pour la technique du violon et les formes musicales qui lui sont associées. Dans ce laboratoire de la création, certains compositeurs tel Uccellini empruntent déjà des positions hautes et les doubles cordes, d’autres comme Castello explorent les capacités expressives et mélodiques de l’instrument dans un cadre très formel. Enrico Gatti et son équipe d’Aurora jettent un nouvel éclairage sur ce répertoire en confiant à l’orgue de tribune un rôle prépondérant. Sa résonance, ses graves, son écrin forcément plus harmonique que rythmique se substituent au clavecin et à l’orgue positif habituel. Le dispositif permet une meilleure perception des modes d’écriture (le va-et-vient entre des sections de contrepoint et de déclamation plus verticale est évident), et offre un éventail de couleurs sans pareil.

Groupés autour de l’orgue Neri de San Niccolo à Collescipoli, les musiciens tirent parti des ressources dynamiques et des plans sonores sans céder à la tentation de l’effet. La chaconne de Bertali est ainsi organisée autour dudit orgue, les autres instruments apportant une touche rythmique occasionnelle. C’est finalement assez classique mais très réussi. Dans les partitions d’Uccellini, l’orgue peut colorer davantage, et utiliser la possibilité de diviser le clavier en deux registrations.

Les chansons ornées de Rognoni et de Virgiliano donnent lieu à trois plans sonores, la dulciane exécute les diminutions à la basse sur des fonds (Rognoni), le résultat est très sensuel et séduisant. Pour l’aimable canzone de Merula, des effectifs alternés (théorbe puis orgue et dulciane) mettent en lumière le déroulement du discours : la combinaison à quatre s’avère très ludique.

Tout au plaisir de goûter ces équilibres inédits, on oublierait presque l’archet suave avec lequel Enrico Gatti nous charme depuis tant d’années. Il apparaît ici à son meilleur, stimulé par un écrin sonore qui lui permet de fines dynamiques et une respiration plus ample, basée sur une virtuosité d’affects pertinente. On peut préférer un jeu de violon davantage centré sur les résonances de l’instrument et sur la fluidité des diminutions, mais cette esthétique très articulée est toujours convaincante.

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