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Diapason # 642 (01/2016)
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Arcana
A390




Code-barres / Barcode : 3760195733905

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Océane Boudeau

Cap sur la Galice, plus précisément la ville de Vigo, battue par les vents et les embruns. Martin Codax, poète‑compositeur, nous a laissé sept cantigas dont une sans musique. Il a peut‑être vécu sous le règne d'Alphonse Ill du Portugal (1245‑1279). Cette époque d'effervescence artistique a profité de l’influence des troubadours, mais les cantigas galégo‑portugaises ne sont pas de pâles copies des modèles occitans. Outre la spécificité de leur langue, elles sont globalement plus courtes et comportent souvent un refrain.
Vivabiancaluna Biffi est une fois de plus merveilleuse dans cette pérégrination poétique sans filet, avec la complicité de Pierre Hamon pour quelques interludes. Elle chante et s’accompagne à la vièle dans deux cantigasde amor (de Rui Fernandes de Santiago et de Paio Gomes Charinho, dans la tradition de la fin'amor) et les cantigas de amigo de Codax. Ces dernières détaillent les sentiments d'une femme en l'absence de son ami. Chaque verset décline le thème et, comme le ressac de la mer, la même vague se forme, légèrement différente à chaque fois: « Vagues de la mer de Vigo, avez‑vous vu mon ami ? », « Vagues de la mer mauvaise, avez‑vous vu mon bien‑aimé ? » Une mélancolie langoureuse se dégage de l'ensemble, surtout dans les cantigas peignant l'attente et la tristesse de la jeune fille (Ondas do mar de Vigo). Le ton se fait plus enjoué à l'évocation du retour de l'aimé (Mandad’ei cornigo), voire dansant (Eno sagrado, en Vigo). Réalisé le plus souvent à la vièle à archet, l’accompagnement n'est pas seulement un soutien à la monodie, mais partie prenante de l'atmosphère de la cantiga. Lusage de pizzicatos, qui rapprochent la sonorité de la vièle de celle d’une harpe et génèrent une ambiance feutrée (Ai Deus, se sab’ora meu amigo), enrichit encore la palette. La chanteuse a pris soin de ne pas trop souligner la forme strophique des cantigas, sa ligne est comme alimentée de l'intérieur: légère, elle garde pourtant une tension qui ne se relâche qu'à la fin de chaque pièce. A la vièle, s'ajoutent de nombreuses flûtes jouées par Pierre Hamon, notamment la flûte de pan médiévale, le frestel, encore présente aujourd'hui en Galice et dans le nord du Portugal. Les plages instrumentales (préludes, « reflections », interludes), ponctuent le chemin comme autant de miroirs sans paroles.

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