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Diapason # 632 (02/2015)
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DG Archiv 4792695



Code-barres / Barcode: 0028947926955 (ID492)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

L’interprétation de l'oeuvre instrumental de Bach évolue beaucoup plus sagement que le reste de la musique ancienne depuis deux décennies. Comme au coeur du cyclone, des avancées techniques y stimulent un jeu toujours plus détaillé mais les codes posés dans les années 1970 et 1980 restent inchangés à quelques exceptions près, et quasi imperméables au renouveau de la musique italienne, Le Concerto Italiano et le Giardino Armonico prisent ainsi dans les Brandebourgeois une lecture analytique et droite, loin de la vocalité sensuelle que Banchini, Carmignola, Beyer... ont rendue à Corelli Albinoni, Vivaldi ‑ donc aux modèles dont Bach a génialement absorbé les inventions. Carmignola relie les deux mondes dans un disque osé et fascinant. Certains mélomanes se braqueront sur des ornements nouveaux et des paroxysmes, mais tout s’apprécie dans son contexte ‑ la cadence spasmodique du BWV 1052 prend son sens et sa nécessité au terme dune longue progression dramatique, impeccable.


D’
autres préféreront une virtuosité plus égale à cet archet qui laisse disparaître certaines notes dans les traits, comme la ligne s'amenuisant sous la plume du calligraphe. Retenons plutôt la force de proposition et d'émotion, la densité de la palette, des rythmes, des caractères, le foisonnement sanguin qu’on ne peut guère rapprocher ici que de Thomas Zehetmair (Berlin Classics) et d’Alice Harnoncourt (Warner), avec un supplément de souplesse et d'abandon.

Carmignola n’hésite pas à « jeter » l'accent et à tendre des aigus âpres pour ensuite adoucir la phrase ‑ le premier allegro du BWV 1056 est pour une fois aussi convaincant au violon qu'au clavecin. Les mouvements lents fondent des tendresses et des détresses inouïes dans les arabesques pleines d'incises, qui déstabilisent l’oreille sans jamais l'égarer. Rien n'est comme on l'attend, et tout fait mouche : le Largo du BVVV 1056 non pas éthéré mais badin (ce rubato, ces pastels !), le finale du BWV 1042 décontracté, le Largo du BWV 1043 voluptueux et ludique sous les phrasés sophistiqués de Carmignola et son ancienne élève (qui tient désormais les rênes du Concerto Köln, très inspiré).

Certaines pages montrent‑elles le virtuose italien près de ses limites techniques ? C'est pourtant dans le BWV 1052, le plus athlétique des cinq concertos, qu'il domine le plus brillamment ses rivaux, Question subsidiaire: saurez‑vous oublier vos habitudes ?
 

 

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