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Classica # 169 (02/2015)
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Erato 2564622009



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Analyste: Philippe Venturini
 

JEAN RONDEAU, POÈTE DU CLAVECIN

 

Prodige de son instrument, Jean Rondeau explore les champs imaginaires ouverts par l'instrument à travers les transcriptions d'oeuvres de Bach.

 

On le voit jeune homme hirsute sur la pochette du présent récital, et on attend un Bach qui décoiffe. « On va commencer doucement et simplement » prévient l'artiste dans son texte de présentation. En effet les premières mesures de la Suite BWV 997, destinée au luth et clavecin‑luth, escaladent leurs gammes,avec le pas d'un philosophe plutôt que celui d'un virtuose pressé ou d'un acrobate. En quelques notes, Jean Rondeau captive son auditoire, le fascine par ce qu'il appelle un « beau lever de soleil ». Il pourrait paraître impressionniste par sa façon de travailler dans l'épaisseur de la matière sonore et de faire vibrer les contours en jouant avec une habileté suprême de cet infini décalage entre les deux mains qui permet d'étoffer le son du clavecin. Mais la netteté du trait et la clarté des plans évoquent aussi les maîtres hollandais du XVIIe siècle.

 

Aussi ne faut‑il pas longtemps pour comprendre que Jean Rondeau est un poète de son instrument et qu'il fait montre d'un toucher à rendre jaloux la terre entière. Ce programme, entièrement construit sur des transpositions, du fils Wilhelm Friedemann à notre contemporain Stéphane Delplace en passant par Brahms, montre cependant que le jeune prodige n'est pas seulement un formidable coloriste mais qu'il manie aussi la rhétorique avec un même talent: les épisodes fugués et les mouvements extrêmes du Concerto italien s'organisent avec une imparable logique. Et toujours ce son d'une infinie profondeur et d'une richesse harmonique folle, celui d'une copie de modèles allemands capté avec générosité par Aline Blondiau, qui fait tourner la tête et mène l'auditeur par‑delà l'horizon. «Above us, only sky » chante John Lennon dans Imagine…

  

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