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Diapason # 633 (03/2015)
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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

En 1623, avec l'Histoire de la Résurrection, Schütz invente l'oratorio allemand. Les courtes séquences dramatiques des solistes (du solo au trio) y alternent avec le récit de l'Évangéliste accompagné d'un quatuor de violes. Synthèse d'une époque de transition à laquelle répondra en 1664 l'Histoire de la Nativité : abandon de la paraphrase au profit des Évangiles, basse continue seule pour soutenir l'Évangéliste, mais huit véritables concertos sacrés à l'instrumentation opulente pour les protagonistes. Un chef‑d'oeuvre ancré solidement dans l'esthétique baroque et couronné par un effet de perspective flamboyant où les deux choeurs se répondent autour de l'Évangéliste clamant obstinément « Victoria ».

 

Au traditionnel couplage des deux oeuvres sur un même disque, l'intégraliste Rademann préfère deux volumes où chaque oratorio est complété par des pièces sacrées du même temps liturgique. Le meilleur y côtoie le plus fragile,: tranquille et convaincante détermination dans le motet Ich weiss, dass mein Erlöser lebet SWV457, exultation généreuse de Heute ist Christus,der Herr, geboren SWV439 pour duo de sopranos. Mais on regrette vite l'instabilité des intonations dans le Cantate Domino canticum novum SVW463, des tempos uniformes et des ruptures dynamiques précautionneuses (Surrexit pastor bonus SWV469). Même pour le grand Magnificat latin SWV 468, on trouvera de meilleures références (Françoise Lasserre, Paul McCreesh): l'opposition des masses et des couleurs opulentes (quels cuivres!) suffit‑elle à développer une rhétorique ?

 

Malgré l'Evangéliste limpide de Georg Poplutz, les Histoires souffrent du détachement un peu hautain qui unifie l'intégrale de Rademann. Dans plusieurs volumes polyphoniques, cette attitude va de pair avec une digne élévation spirituelle, mais dans ces oratorios où le texte demande qu'on l'empoigne, elle nous déroute. On aurait pu penser que Rademann, chef de choeur avant tout, allait confier à deux chanteurs les épisodes où cer­tains protagonistes s'expriment par deux voix, dans un effet archaïque au temps de Schütz: il choisit d'em­ployer une voix et un instrument, sans pour autant gagner en impact décla­matoire et dramatique.

 

Cette esthétique de la matière et du discours collectif avait séduit dans les rares Chants spirituels du Volume IV. Elle avait montré ses limites dans la Passion selon saint Luc, ou dans Les Sept Paroles du Christ en croix SWV 478 (Volumes V et VI). Ici encore, on préférera pour La Résurrection l'oraison ardente de La Chapelle Rhénane (K617, Diapason d'or 2007) ou la ferveur plus sereine d’Akadêmia et de son Évangéliste Jan Van Elsacker (ou Jacobs, ou Bernius avec Pregardien en Évangéliste inoubliable ... ) ; pour La Nativité, les mêmes Jacob (Diapason d'or) et Bernius (idem).


 

 

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