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Diapason # 633 (03/2015)
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Harmonia Mundi
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Analyste: Denis Morrier

On était curieux d'entendre comment le toujours théâtral René Jacobs mettrait en scène les tableaux de Cavalieri opposant l'âme au corps, après les gravures de Mackerras (avec un plateau somptueux, Archiv), Linde (Emi) puis Stewart & Harvey pour une version de chambre (Koch). Il a bien sûr lu avec un soin extrême la partition de Cavalieri créée en février 1600 dans l'oratoire romain de Santa Maria della Valicella ; la Sacra rappresentatione offrait alors un divertissement spirituel d'un genre inédit à un auditoire de prélats et d'aristocrates, et réunissait quatorze caractères allégoriques dans un prêche sur la vanité du monde.

 

Son ampleur (un prologue déclamé et trois actes), sa construction expérimentale placent l'oeuvre aux sources de l'opéra plus qu'à celles de I'oratorio. Héritière des divertissements de cour florentins (dont Cavalieri fut le principal instigateur), elle alterne monodies en stile recitativo (d'une grande simplicité de facture), ensembles de solistes (souvent strophiques, donc plutôt répétitifs), choeurs, et pièces instrumentales associés à des baIlets.

Ce prototype d'opéra, apparu huit mois avant les deux Euridice florentines de Peri et Caccini, peut devenir un tunnel avec des interprètes médiocres. Pas avec Jacobs, qui surclasse ses prédécesseurs dans une réalisation somptueuse, écho sonore d'une production décapante créée en 2011 au Staatsoper de Berlin (la mise en scène d’Achim Freyer déployait un dispositif musical monumental autour d'une marelle géante)..

 

L’enregistrement restitue parfaitement la théâtralité particulière de l'oeuvre. Son long prologue déclamé (plus indispensable sur scène qu'au disque) est gravé pour la première fois, partiellement agrémenté d'une musique de fond au luth. L’approche de Jacobs s'inscrit dans la lignée de ses précédentes productions d'opéras montéverdiens et vénitiens. Conçue pour les vastes espaces des théâtres modernes, elle fait appel à des effectifs vocaux et instrumentaux profus et colorés. La majeure partie de l’oeuvre reposant sur la seule basse continue, Jacobs a constitué un vaste groupe de fundamento (dont quatre harpes!), conforme aux principes énoncés par Agazzari en 1607. Il lui adjoint des cordes et des vents en guise d'ornamento, et compose à leur attention de nouvelles parties d'accompagnement, glissant encore des pièces instrumentales d'origines diverses. Il autorise à ses instrumentistes quelques épisodes d'improvisation, parfois fastidieux (la conclusion paradisiaque « s'éternise » sur un seul accord).

 

Chaque chanteur se distingue, au sein d'un plateau homogène, par son éloquence et son implication dramatique. On retiendra surtout l'élégante délicatesse du ténor Mark Milhofer, la noble profondeur de la basse Gyula Orendt, et la lumineuse incarnation de l’Ame humaine par Marie‑Claude Chappuis. Les choeurs un peu massifs du Staatsoper n'apportent pas aux épisodes chorégraphiques toute la vitalité attendue, mais ce n'est qu'une broutille face à l'éclat de cette réalisation, plus fastueuse que poignante, mais indéniablement convaincante.

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