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Diapason # 644 (03/2016)
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DHM 88875170122 



Code-barres / Barcode : 0888751701229

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Luc Macia

Tout ce que vous voulez savoir sur la Cantate BWV 80 sans avoir osé le demander est ici. Fondée sur un célèbre choral de Martin Luther, Ein feste Surg ist unser Gott (« Notre Dieu est une forteresse » : emblème de l'émancipation luthérienne), cette Kirchenmusik fut destinée à la fête de la Réformation, grand moment de l'année liturgique des luthériens, le 31 octobre 1724. Bach y recyclait une cantate de Weimar (1715) dont la musique était réputée perdue ‑ le choeur d'entrée et une partie de la première aria ont récemment été retrouvés. À une date inconnue, son fils aîné, Wil­helm Friedemann en fit une reprise en ajoutant au choeur initial et au grand choral médian trois trompettes et des timbales ‑ pour une ampleur spectaculaire relayée, à l'orgue, par le registre grave de trombone 16' doublant « au sous‑sol » le choral clamé aux cuivres trois octaves plus haut ! Wilhelm Friedemann réutilisa, en outre, ces deux choeurs pour deux motets sur des textes en latin.

 

Christoph Spering a réuni les quatre états de l'oeuvre dans un disque sans précédents. Fallait‑il vraiment présenter intégralement la version de 1724 et la suivante ? Hormis deux choeurs, les autres mouvements sont identiques. Mais Spering joue pleinement le jeu, en changeant le groupe de solistes et les effectifs. La version de 1724 bénéficie d'un orchestre plus léger, d'un choeur moins fourni dont sortent d'ailleurs les solistes, alors que le nombre des interprètes est doublé pour mieux s'équilibrer avec le fracas des trompettes et de l'orgue. Il adapte aussi sa direction en fonction de l'orchestration: le choeur de 1724 est plus serein, plus raffiné (et plus long de soixante‑dix secondes) que l'autre plus pompeux mais aussi plus dynamique, l'air de soprano dure ici 2' 25" (1724, avec clavecin) et là 3' 37" (WF, avec orgue). Changement de tempo mais aussi de perspective dans le duo soprano‑basse, qui voit son cantus firmus tantôt clamé fièrement, tantôt déroulé en arrière‑plan.

Peu de différences entre les quatuors de solistes, corrects sans plus. Les deux pages en latin sont assez intrigantes, des hiatus montrant que Wilhelm Friedemann a eu quelque peine à adapter le texte sur la musique paternelle. Projet passionnant, défendu par le chef dans une interview qu'il n'aurait pas été inutile de traduire en français.


 

 
 

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