Ce n’est plus le Vivaldi à la chevelure flamboyante, le « prêtre Roux », comme nous avons coutume de le surnommer, mais un homme aux cheveux gris qui n’était plus à la mode qui composa ces six concertos au soir de sa vie. Fabio Biondi les a réunis sous le titre « I Concerti dell'addio ». Ces oeuvres furent vendues à bas prix en juin 1741, un mois avant la mort du compositeur à un collectionneur qui en débarrassa Vivaldi à court d'argent lors de son ultime voyage à Vienne. Mort loin de sa chère Venise, dans la pauvreté et l’oubli, désespéré et désespérant d'un public qui s'éloigne de lui, quelle tristesse ! Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante interprètent ces tout derniers concertos à la fois érudits et aériens avec la fougue et cette générosité que nous lui connaissons.

Compréhension musicale, variété de l'expression, sens des nuances sont au rendez‑vous. Certes, nous ne retrouvons pas la délicatesse et la précision, la suprême élégance parfois à la limite de l'asepsie des interprétations de Giuliano Carmignola où manque un soupçon de poésie. L'auditeur se trouve donc placé devant ce choix: Giuliano Carmignola (Sony) ou Fabio Biondi... Finalement, à l'écoute de ces concertos et au jeu de la comparaison avec le RV273, ma préférence va vers Fabio Biondi. Même avec ses imperfections, ses imprécisions, nous y retrouvons un condensé de l'art que portait le Vénitien à l'orchestre et au soliste, avec ces harmonies audacieuses, ces contrastes dynamiques fulgurants, cette folie et cette exubérance, cette générosité qui habitent Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante qu'iIs aiment tant communiquer. Les six concertos réunis ici (RV 390, 273, 371, 189, 367 et 286) sont toutes des oeuvres de maturité où dans un dernier souffle, Antonio Vivaldi transmet son héritage musical à la postérité.