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Diapason # 634 (04/2015)
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Mirare
MIR268




Code-barres / Barcode : 3760127222682

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Dans un an ou deux, il se trouvera bien des experts pour nous assurer que le Bach de Rémi Geniet (né en 1992) doit beaucoup à celui d'Evgeni Koroliov. La critique rêve de filiations et de traditions, de ce qui peut affermir à moindre frais ses impressions. Or Koroliov est passé maître dans l'art de reconstruire la musique de Bach avec tous les jeux de perspective que permet le piano. Et Geniet étudie aujourd’hui auprès de lui. Le relief de la polyphonie, la plénitude des timbres dans les pages graves comme les danses vigoureusement accentuées, la diversité jamais ostentatoire de l'articulation font bien écho à la manière le l'aîné. Mais Geniet n'était pas moins solaire au concours Reine Elisabeth il y a deux ans : la Partita en ré majeur portait l'empreinte d'un polyphoniste‑né, pour qui les imitations d’une voix à l'autre sont un jeu de la main plus qu'une épreuve de l'esprit.
Son premier disque débute par la même Partita la préférée de Scott Ross jadis. L’Ouverture à la française, majestueuse et amicale, s'assouplit et rebondit par le jeu des plans sonores, du flou et du précis, de l'accent discrètement anticipé ou amorti, des désinences plus ou moins suspendues. La délectation ludique du jeune homme combinant des lignes différemment timbrées ou phrasées est contagieuse. Le dialogue est la force motrice de son piano. La Sarabande perchée dans l'aigu, attendrie et décontractée, prend tout son relief entre une Aria et un Menuet pleins d'humour ‑ qualité dont le très docte Koroliov, avouons‑le, n'est pas prodigue. Dans un concert à l'Auditorium du Louvre, Geniet avait l'an dernier le culot d'attaquer la Sonate en si de Liszt après cette Partita. Il nous bluffait autant au Paradis qu'en Enfer! Au disque, il poursuit avec les six tableaux « sur le départ d'un frère bien aimé », dont l'ornementation sophistiquée ne pèse jamais sous ses doigts. Plein soleil encore, la majeur éblouissant, avec la première Suite anglaise. Les volte‑face rythmiques et les incises des deux courantes et de leurs doublés semblent un jeu d'enfant pour lui; il n’hésite pas à faire passer la main gauche au premier plan afin de rendre à la Bourrée en canon son énergie franche. Notre litanie de vertus et une tête d'ange en couverture vous font imaginer un premier de la classe propret ? Écoutez !

 

 

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