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Diapason # 646 (05/2016)
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Sony 88875111382




Code-barres / Barcode : 0888751113824

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Ceux qui guettent, un couteau entre les dents, les extrava­gances pas tou­jours héroïques de Simone Kermes, ses vocalises alla Bartoli (trompe‑l'oeil venteux), sa Lili Marleen   paradant en bis et dégainant de ses frous‑frous flashy une cuisse fière et légère, ceux‑là seront pris à rebours par un récital uniformément calme. La tigresse, quand elle rentre ses griffes, ronronne comme un chaton.
 

Sous la couverture rose bonbon, Sony nous vend un album de charme à prendre comme tel, avec ses qualités (un timbre immédiatement reconnaissable et touchant n'étant pas la moindre) et ses limites. La chanteuse, d'ailleurs, les souligne malgré elle dans une introduction détaillée. Elle prend soin de dérouler le long cheminement amoureux tracé de Monteverdi à Purcell, depuis les émois obstinés de la nymphe jusqu'à la résignation suicidaire de Didon, et de préciser à chaque étape les caractères : « désir ardent, compassion et désespoir » pour le Che si può fare de Strozzi, « engouement, fidélité, sentiment inconditionnel » pour le Folle è ben che si crede de Merula (pas très juste, soit dit en passant, et utilement flouté de réverbération quand l'aigu approche), « mélancolie de la passion, amour de la souffrance, douce tristesse » pour If loves a sweet passion (Purcell). Ce que sa plume distingue, sa voix le, fond dans une même douceur élégiaque, à peine ombrée d'amertume, qui assouplit la ligne et désamorce tout essai de déclamation. L’oreille sait vite à quoi s'en tenir. Plage 1, dans le Lamento della ninfa, le contraste attendu sur l'évocation de l'« orgueilleux » est, sitôt effleuré, sitôt abandonné.

 

Les larmes de dépit et de joie se confondent dans ce délicieux bain moussant de musique baroque, sur lequel flottent les éléments d'un programme original et curieux. Non pas à la façon d'un rat de bibliothèque, mais en discophile averti. Les Merula nous renvoient à l'album glorieux de Montserrat Figueras, les Eccles aux « Mad Songs » de la grande Catherine Bott, le Legrenzi aux concerts de Christina Pluhar (qui en a fait un tube), et les pages de Boesset, Briceno et Manelli aux aventures du Poème Harmonique (dont les nouveaux arrangements s'inspirent sans complexe). Dans le tableau de Che si può fare (Strozzi); Mariana Flores jouait à la fois sur la sidération et la prière, quand Simone Kermes secomplait dans une suave rêverie. Un easy listening à ranger entre Bebel Giberto, et Portishead.



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