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Diapason # 656 (04/2017)
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Brilliant Classics 
95291BR



Code-barres / Barcode : 5028421952918

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Grande première au disque, cette intégrale rassemble tout ce que Biber a composé pour violon et contiuo, sur une durée approximative de vingt ans ‑ les pièces en trio sont donc exclues. Outre les tableaux mystiques du Rosaire, qui mettent en valeur toutes les possibilités expressives de la scordature (accord variable du violon qui favorise les résonances propres à chaque tonalité), nous avons là les huit sonates en style fantasticus de 1681, la célèbre « Representativa » (kaléidoscope de chants d'oiseaux et de cris d'animaux, 1689), un groupe de sonates du manuscrit dit Minoritenkonvent et une série de variations en la.


Dans le Rosaire, Igor Ruhadze opte pour une présentation spatiale quasi ascétique: le clavecin et l'orgue en doublure de la basse. Le claveciniste s'en tient la plupart du temps à une scansion en accords plaqués soutenus par un simple bourdon; le moindre arpège ou contrepoint est exceptionnel, et brusquement spectaculaire (L’Assomption). La réalisation, très étudiée dans la conduite des voix, tranche fortement avec un mode de jeu dépourvu de séduction dans les douze premières sonates. A l'évidence, il y a là une véritable volonté structurelle, qui découragera sans doute le néophyte mais qui ne manque pas d'audace. On peut supposer que l'on passe de gravures à la pointe sèche à une illustration polychrome : une idée assez originale et pleinement assumée.

Solide et sans concession, la proposition d'Igor Ruhadze est techniquement très aboutie et musicalement originale: fermement ancrée à une pulsation quasi immuable, elle tourne le dos à l'esprit d'improvisation que bien des violonistes essaient d'insuffler à ce répertoire (par exemple Andrew Manze aux sonates de 1681). Les trois dernières sonates libèrent toutes les ressources d'un jeu riche en couleurs, où l'orgue et le clavecin rivalisent d'ingéniosité. Plus souples et parfois même souriantes, ces pages bénéficient d'une énergie et d'un sens de la danse appréciables. Sans renoncer au ton altier qui unifie le coffret.


La Sonate « Representativa », tout aussi flegmatique, est remarquablement articulée. Loin des rudesses caricaturales et d'une basse‑cour de cirque, Ruhadze établit un subtil entre‑deux du jeu instrumental populaire et savant (presque du Bartok chez les Mousquetaires !). Et la passacaille de la Sonate en do mi­neur (Minoritenkonvent), tremblante d'émotion et admirablement construite (échanges du clavecin et de l'orgue, couleurs diffuses du violon) atteste une profonde préparation du détail.

Exigeante, fouillée, cette intégrale ne livre pas les beautés immédiates d'un baroque rutilant. Elle n'en demeure pas moins captivante.


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