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Classica # 152 (05/2013)
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Mirare
MIR204



Code-barres / Barcode: 3760127222040 (ID301)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Roger Tellart
 

ÉPIDÉMIE BAROQUE

Coutumier des enregistrements d’exception, le label Mirare nous propose avec « Conjuratio », une oeuvre baroque d’une immense sensibilité.

Premier constat : le Ricercar-Consort est ici au coeur de son répertoire favori, en familier de cette spiritualité nord-allemande que le Saxon Matthias Weckmann servit si bien à Hambourg où il se fixa comme organiste à l’église Sankt-Jakobi. Quant au programme, l’album est exemplairement partagé entre des répertoires différents : pièces pour orgue et pièces vocales - celles-ci dominées par la vision hautement doloriste de « Wie liegt die Stadt so wüste », tirée des Lamentations de Jérémie et faisant mémoire de l’épidémie de peste qui éprouva de nombreuses cités hanséatiques en 1663. La soprano suédoise Maria Keohane y a rendez-vous avec l’indicible, avec la caution de la basse genevoise Stephan McLeod, baroqueux agissant comme il en est peu. Au-delà, c’est tout l’album qui baigne dans une juste lumière contritionnelle, le quatuor vocal étant complété par l’alto de Carlos Mena et le ténor de Hans- Georg Mammel, l’un et l’autre stylistes imparables (autre sommet : le Concerto II, Zion spricht a 3 voci & 5 stromenti, superbe exemple de madrigal spirituel où Weckmann retrouve l’exceptionnel climat liturgique de la pièce éponyme de son aîné Schein, éditée dans La Petite Fontaine d’Israël de 1623). Le présent disque surclasse l’attachante réalisation de l’ensemble les Cyclopes (ZZT). La gravité s’y joint à une éloquence tout intérieure, dont profitent tant les pièces d’orgue nourries du fonds grégorien (le Magnificat Secundi Toni) que la modernité d’accents des pièces mêlant voix et instruments en allemand. Et Maude Gratton y réussit un sans-faute à l’orgue (la virtuosité maîtrisée du Praembulum Primi toni à 5), tout comme l’en- semble de l’instrumentarium que Philippe Pierlot mène en vrai guide d’époque, faisant de cet enregistrement l’un des deux ou trois temps forts de la discographie weckmannienne à ce jour.

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