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Diapason # 635 (05/2015)
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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Ivan A. Alexandre

La Forest enchantée fut d’abord en 1754, un ballet pantomime, sorte d’opéra muet destinée par Nicolas Servan, dit Servandoni, à la Salle des machines des Tuileries, près du salon où résidait le Concert spirituel. Mais Geminiani, dont le public applaudissait les Concerti grossi dans la salle voisine, échoua dans un théâtre démesuré conçu pour le seul spectacle, quasi contre la musique. Lors de sa publication deux ans plus tard, l'oeuvre n'était donc plus un drame sans parole en cinq actes. Il s'agissait d'une longue Suite en deux parties, poème symphonique avant la lettre, « Composition instrumentale exprimant les mêmes idées que le poème du Tasse » (La Jérusalem délivrée, roman « baroque » par excellence). Oeuvre somme où se croisent tous les idiomes, toutes les théories, tous les havres de Geminiani, virtuose toscan proche de Handel à Londres, plus tard hôte régulier de Paris, et mort à Dublin en 1762 ‑ affecté, dit‑on, par le vol d'un de ses manuscrits.
Virtuose, poète, narrateur: le jeune ensemble suisse de la violoniste Meret Lüthi est tout cela. Un peu moins de rigueur germanique, un peu plus d'affettuoso ne nous feraient aucun mal. Et le preneur de son aurait pu éloigner le clavecin en aérant les pages cuivrées (no 14 avec cors et trompettes). Inutile cependant de résister : cette forêt magique vous attire, vous enveloppe, vous
effraie, vous promène de couleur en couleur sans sacrifier l'imprévu ni l'unité.

 

En préambule, la Follia de Corelli orchestrée par Geminiani affirme ses contrastes dans le style « made in Freiburg » familier de la Konzerteisterin. Et, entre les deux parties de la pantomime, la soprano américaine Robin Johannsen affronte la cantate romaine de Handel Dietro l’orme fugaci dont nous allons justement apercevoir l'héroïne, Armide abandonnée par Renaud, chez Geminiani. Voix saine, émission droite, lecture honnête d'une page dont il est permis d'attendre à la fois plus de chair et plus de mystère. Mais l’essentiel est ailleurs. Pour cette pièce maîtresse de l'orchestre XVIIIe qu'a toujours été The Enchanted Forrest, demandez les Passions de l’âme, excellente adresse.
 

 

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