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Diapason # 635 (05/2015)
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Pan Classics
PC10301




Code-barres / Barcode : 7619990103016

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

Connait‑on meilleur avocat de la réunion des goûts que le Sa­voyard Georg Muffat ? Depuis l'Allemagne du Sud, il part étudier la musique française (auprès de Lully ?), passe en Bavière, à Vienne, Prague, Augsbourg, intercale un séjour de deux ans à Rome, avant Salzbourg puis Passau. Sa musique instrumentale est bien celle d'un maître, au sommet dans les douze somptueux concertos grossos, coralliens en diable, de l’Armonico tributo (1682), et les toccatas en tous genres de l'Apparatus musico‑organisticus (1690). Hélas, sa musique vocale se résume aujourd'hui à une messe opulente à vingt‑quatre voix composée à Passau ‑ le reste de sa production sacrée et ses trois opéras n'ayant pas été conservés. Vingt­quatre voix ? Imaginez plutôt cinq choeurs (deux vocaux, trois instrumentaux) mis en relief dans une de ces architectures polychorales prisées en Italie puis exacerbés en Autriche.

 

Comme Konrad Junghänel et son Cantus CölIn (1999, HM), Gunar Letzbor opte pour un effectif vocal assez réduit face au dispositif instrumental chamarré: un ou deux chanteur(s) par partie, et pour les sopranos, des garçons de Saint‑Florian, projetant les paroles avec une belle ardeur et des accents tout sauf angéliques. Letzbor doit composer avec les écueils acoustiques de la cathédrale de Gurk : il force parfois des articulations trop véhémentes (quitte à se fâcher avec la justesse) pour compenser la résonance, et se débrouille pour que les instruments n'étouffent pas les voix. Il amplifie les contrastes entre concertos de solistes et déclamations imposantes du tutti, grands à‑plats de couleurs sombres et cuivrées.

 

L’énergie d'une interprétation jamais esthétisante et la solennité spectaculaire de l’oeuvre ne sont pas forcément flattées par le disque ‑ vous pouvez retrouver sur YouTube la même équipe filmée peu avant au Festival d'Utrecht. Quelques pépites dans ce grand apparat : envolées des « pax » virevoltants du Gloria, « Laudamus Te » concertant, « Et incarnatus » dépouillé et fervent, doxologie tourmentée du Credo. Junghänel complétait la messe par des litanies de Biber. Letzbor s'en tient à Muffat dans un disque trop bref.

 

 

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