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Diapason # 658 (06/2017)
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Bis 
BIS2248




Code-barres / Barcode : 7318599922485(ID599)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Nous l'avions rencontrée sous le soleil noir de Dowland (avec Thomas Dunford,  Paul Agnew etc., Alpha), retrouvée dans les plus sombres cantates en solo de Bach (BWV 82 et 199, Fra Bernardino), puis croisée, un peu moins à son avantage, chez Richard Strauss, avec Graham Johnson. Elle nous revient en larmes, seule ou quasi. Un Diapason d'or ? Couronne incongrue pour un récital sans éclat ni luxe, où règnent le trouble et la suggestion. Le grand Lagrime mie en souffrira, d'ailleurs. Il lui faut plus de griffes et de sang (ceux d’Antonacci, de Flores ... ). Mais l’autre tube de Barbara Strozzi, Udite amanti, montre Ruby Hughes capable de vertiges dans la nuance, cultivant une candeur lasse qui, pourtant, ne noie jamais la parole (« J’ai seulement envie de pleurer, je ne me nourris que de larmes, pour seuls délices j'ai le chagrin, et pour joie mes gémissements. ») La jeunesse du timbre, offert sans fard aux tourments et aux accablements amoureux, donne à l'album un parfum unique parmi tous les bouquets de lamentos parus depuis une dizaine d'années.

Le repli solitaire, l'acceptation douloureuse culmineront dans le rare et doux Lasciatemi qui solo de Francesca Caccini. Une génération plus tôt, une Patrizia Kwella avait dans le timbre cette fragilité magnétique. Dire qu’elle n'a laissé aucun récital... Accueillons avec d'autant plus de joie celui que Ruby Hughes installe dans une atmosphère entêtante, avec deux frères de rêverie (et les micros de Bis, qui nous captivent dans un monde à part dès le premier arpège de théorbe).

Que font quatre mouvements pour violoncelle de Vivaldi entre ces plaintes d'un tout autre style ? La question s'évanouit dès que Mimi Yamahiro Brinkmann lève son archet. Et quel art en tandem avec Jonas Nordberg : ils préparent et prolongent l'expression avec une (hyper)sensibilité qui rehausse la pureté du chant.

Aux soupirs que Purcell dessine pour la fille de Bonduca (Oh, Lead me to some peaceful gloom, plage 2) répondra finalement la mort de Didon: non plus adieu de tragédienne, mais son écho dans le désarroi suicidaire d'une adolescente.

Ce qui serait mièvre sans ce rayonnement intime du timbre, du mot, et la substance si colorée de l’accompagnement, même arachnéen. Ruby Hughes a le culot d'enchaîner à Didon, par un effet d'insistance merveilleux, la plainte minimaliste qu’Anne Boleyn aurait écrite, sur un balancement de berceuse, tandis qu'elle attendait sa fin dans la tour de Londres. Comme on aime souffrir avec elle(s) !          


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