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Diapason # 659 (07/2017)
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Hyperion
CDA68093



Code-barres / Barcode : 0034571280936

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Deux disques en un, du meilleur au pire. Jonathan Cohen a eu le nez fin en invitant Sophie Gent, le secret le mieux gardé du violon baroque. Secret pour le grand public, pas pour tous les ensembles qui lui font les yeux doux: on l'entend chez Sempé, Pichon, Fortin (Diapason d'or pour leur Weichlein), Opera Quarta (idem pour un album Leclair), au Gardellino (idem dans l'Offrande musicale)... Elle a donc pris l'Eurostar pour croiser l'archet avec Bojan Cicic (violon II) et Jonathan Manson (basse de viole) dans un recueil assez redoutable marqué par l'empreinte inoubliable d'Hespérion XX.

Les Talens Lyriques s'y laissaient emprisonner l'an dernier par les dizaines de détails, parfois très incommodes, que Couperin impose d'ajuster dans chaque mesure, et qui ne semblent pas troubler un seul instant l'osmose de la nouvelle équipe. L’archet de Sophie Gent ne tire jamais la couverture à lui, à tel point que la Plainte s'apparente à une pièce pour consort: ni théorbe, ni clavecin (il fallait oser), et pourtant comme chaque harmonie sonne et se colore! Rien ne pèse, pas même la brève Rumeur souteraine (« causée par les auteurs contemporains de Lulli »), qui tourne ici le dos aux tempêtes de tragédies lyriques pour devenir un bruissement sourd, fantomatique.

Les trente secondes du Vol de Mercure, par un travail très fin de la place d'archet sur la corde, sont un bijou miroitant. L'Accueil entre Doux et Agar fait à Lulli par Corelli et les Muses italiénes (quel titre!) voit sa progression très carrée assouplie par un rebond large. Sans contrastes affirmés, comme ces tableaux vivent et respirent! Pour l'équilibre entre l'apparat et le frémissement, Hespérion XX reste unique …; pour la virtuosité et la variété du dessin, la bande à Amandine Beyer l'emporte ; nous rangeons entre les deux ces tableaux plus intimes et fondus, où Couperin s'invite chez Watteau.

Au clavecin dans L'Apothéose de Lulli, Jonathan Cohen passe à l'orgue pour les Leçons de ténèbres ‑ mieux vaut tendre l'oreille pour le distinguer dans le trio de continuo boudé  par les micros. Thomas Dunford tient à nouveau le théorbe; Anne‑Marie Lasla remplace Manson à la viole: aux deux piliers des Arts Florissants s'ajoute une soprano, Katherine Watson, très appréciée de William Christie.

Un conseil: commencer par la Deuxième Leçon, bisounours en diable avec Anna Dennis, calfeutrée derrière quelques éléments décoratifs. Après quoi l'expression à peine moins creuse de Katherine Watson vous touchera, au moins, par son charme. Son indécision de caractère et de prosodie profite à des phrases harmonieusement galbées, imperméables aux tensions de l'harmonie extraordinairement ouvragée par Couperin. Se souvient‑elle, l’oeil perdu dans le vague, la voix chaude, du beau disque où Catherine Deneuve récitait les Chansons de Bilitis ? Qui, certes, ne sont pas exactement les Lamentations de Jérémie.


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