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Diapason # 614 (06/2013)
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Challenge Classics
CC72539




Code-barres / Barcode : 0608917253924

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Jean-Luc Macia

Ancêtre de la clarinette, le chalumeau a été utilisé dans l’Allemagne de la première moitié du XVIIIe siècle par des compositeurs qu’attiraient ses timbres voilés, doucement rauques, propices aux tableaux mélancoliques mais aussi parfois à des divertissements rustiques. On entend trois instruments de ce type sur l’album de Gunar Letzbor: des copies de chalumeaux sopranos et alto, ainsi qu’une basse, « réinventée » faute de modèle. Les deux Ouvertures sont passionnantes. La première commence par un mouvement à rythme pointé, qui enchaîne retards, décalages et dissonances des cordes au-dessus desquelles les trois chalumeaux déclinent un thème nostalgique de toute beauté, avant une fugue intense dans sa progression. Graupner justifie là sa réputation de musicien inventif, qui aurait été nommé cantor de Saint-Thomas à la place de Bach s’il n’avait préféré s’installer à Darmstadt. Les danses de cette Suite ne manquent ni de caractère ni de charme. Précédant d’ultimes menuets plus banals, une Speranza amorosa nous fascine; une nouvelle cantilène poétique des chalumeaux s’y déploie sur un tapis de pizzicatos ou de tenues alanguies des cordes. Plus brève, la deuxième Ouverture surprend par son bariolage sonore, deux cors, un basson et des timbales s’ajoutant aux deux chalumeaux dans un foisonnement d’élans mélodiques et d’éclats chatoyants. Le concerto pour deux chalumeaux placé en tête de programme rappelle par sa vivacité et son lyrisme joyeux les pages que Vivaldi a dédiées à l’Orchestre de Dresde. Letzbor joue ici la fête et la verve sans ombre, avec un Ars Antiqua Austria ruisselant de couleurs, vives ou rustiques, qui font notre délice — la vieille version de Mensa Sonora (Pierre Vérany) a peu d’atouts en regard. Pour étoffer l’album, le chef-violoniste s’illustre dans deux petites sonates pour violon et clavecin obligé. Pièces non dénuées de charme, que Letzbor interprète avec le tranchant et la volubilité qui sont son apanage. Voilà un SACD fort séduisant.

 

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