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Diapason # 636 (06/2015)
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Aeolus
AE11021




Code-barres / Barcode : 4026798110215

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Xavier Bisaro

Grand absent de la pléiade de talents réunis par Peter Van Dijk pour une récente intégrale Sweelinck (NM Classics), Léon Berben s'en offre une à lui seul! Trois orgues anciens de formats divers et un clavecin composent une palette moins large que celle de l'équipe rivale mais splendide en soi et répondent idéalement à l'imagination de son jeu, aussi vivant que l'écriture de Sweelinck est ouvragée. La production du grand maître de la Oude Kerk, à Amsterdarn, ressemble en effet à ces tableaux flamands où les formes familières paraissent se plier à d'impénétrables principes d'agencement, dont la compréhension s'obscurcit au fur et à mesure que l'on croit les saisir. C'est à la fois très intellectuel et très ludique. Berben nous bluffe par son agilité technique, essentielle dans cette musique d'une exigence parfois extrême. Les ressorts de son style nous ramènent au récital Byrd qui lui valait un premier Diapasond'or: sensibilité réactive aux moindres détails d'une polyphonie qui n'en manque pas, sens infaillible des progressions ‑ en particulier dans les séries de variations comme des ruptures à toute échelle (de la phrase à la pièce complète), finition impeccable n'excluant pas une grande souplesse. Sur des tempéraments inégaux sans concession, l'ensemble gagne un relief fascinant. Le jeu des petits (do‑do dièse) et des grands (do dièse ) demi‑tons prend une dimension vertigineuse dans les combinaisons de la Fantaisie chromatique, menée implacablement vers des sommets de virtuosité. Berben sait aussi bien relever les aspects chaleureux ou pittoresques des pièces de moindre envergure. Une saveur nouvelle et très personnelle nous tient en haleine tout au long de l'intégrale. Sa préférence pour des tempos assez allants permet à l'auditeur de ne jamais perdre la grande respiration du contrepoint. Et son ornementation sophistiquée fait mouche. Se rappelant que Sweelinck connaissait personnellement John Bull et Peter Philips, Léon Berben orne la polyphonie ainsi qu'elle est notée dans les sources du virginal anglais, ce qui lui donne un caractère incisif voire capricieux. Et comme la pavane d'après Dowland chante sur le clavecin léger de Keith Hill ! De disque en disque, l'ancien pilier de Musica Antiqua Köln semble nous assurer que jouer une musique ancienne n'est pas restituer une écriture figée dans la partition, mais s'apparente plutôt à sa mise à l'épreuve ici et maintenant.

 

 

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