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Diapason # 636 (06/2015)
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PAS1012




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Analyste: Jacques Meegens

En 2010, le premier album de Tasto Solo plaçait la barre très haut (Diapason Découverte, cf no 578). La suite s'est fait attendre, et c'est très bien ainsi car « Le Chant de l'eschiquier » confirme sa place de choix sur la scène médiévale. Le petit collectif (harpes, clavecins, organetto, vièle) animé par Guillermo Pérez et David Catalunya va très loin dans la quête dune virtuosité instrumentale médiévale, dont les témoignages sont épars mais éloquents. Le plus célèbre est un manuscrit labyrinthique copié vers 1450, à une époque où les progrès technologiques et mécaniques ouvrent la voie à un engouement sans précédent pour les instruments à clavier, notamment l'orgue et le mystérieux échiquier ‑ sans doute de la famille des claviers à cordes, sujet d'interminables débats depuis quarante ans. Le livret très détaillé (par Perez, Catalunya et David Fallows) éclaire ce contexte historique et s'attarde sur le « clavecin à marteaux » construit pour ce projet d’après le traité d’Arnaut de Zwolle.

Tasto Solo assure un travail dans les moindres détails, sans pour autant s'inscrire dans une froide logique de reconstitution: au geste pionnier des musiciens au XVe siècle répondent la redécouverte expérimentale de leurs héritiers et leur aisance à improviser. Le discours sans paroles et son ornementation scintillante surgissent avec tant d'énergie et de naturel qu'il en devient impossible de discerner l'écrit de l'instant. En se concentrant sur les chansons de Binchois, Dufay, Ciconia et Dunstable, et donc en gardant à l'esprit leurs textes, Tasto Solo développe une éloquence aussi précise sur le plan individuel que dans le dialogue ‑ et là, tout est à inventer pour l'interprète moderne. Un bémol, pour la forme ? Que dans la notice, le « livre d'orgue de Buxheim, » soit rebaptisé « Buxheim Codex » afin de justifier les arrangements instrumentaux, parfaitement légitimes au demeurant. Ces musiques pour clavier(s) oubliées depuis près de six siècles nous parlent, sans détour.
 

 

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