Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 658 (06/2017)
Pour s'abonner / Subscription information


Glossa
GCDP32113



Code-barres / Barcode : 8424562321137

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Denis Morrier

 

D'un disque et d'un siècle à l'autre, Björn Schmelzer et Graindelavoix osent tout (bravo) et n'importe quoi, comme dans ce Requiem à huit voix a cappella. Leur première incursion dans un répertoire si « tardif » ramènera les fans de l'ensemble flamand en terrain connu. Sans justification aucune, ces chantres aux modes d'émission, aux trémolos et ornements infratonaux soi‑disant inspirés des pratiques traditionnelles (orientales ou méditerra-néennes ?) traversent les contrepoints suaves et savants de Vecchi, cet apôtre de la Musica moderna renaissante, comme les éléphants des magasins de porcelaines. Björn Schmelzer, fort de son expérience d'ethnomusicologue, est loin d'être le premier à s'adonner à de telles mixtures stylistiques. Faut-il aujourd'hui encore recourir à de tels artifices éculés pour nous questionner sur la véritable nature des pratiques vocales anciennes ?

Le propos de l'album est spécieux à divers titres : Björn Schmelzer veut évoquer l'enterrement de Rubens à Anvers en 1640. L’affaire devient carrément fumeuse lorsqu'il spécule sur une esthétique du « baroque déguisé » (???), sensible tant à travers les vêtements de deuil flamands que dans la musique sacrée de la Contre-Réforme. Quand à Vecchi, il surgit dans le contexte au motif que l'éditeur anversois Pierre Phalèse a publié ce Requiem en 1612: le célèbre imprimeur diffusait pourtant ses produits internationaux dans toute l'Europe septentrionale...

Alors, que reste‑t‑il si l'on fait fi de toutes ces fumigations nébuleuses ? Des voix masculines braillardes, dès sopranos aux timbres séduisants mais à la cohésion discutable (en particulier dans la gestion du soutien dans les micro‑intervalles et les ornements), des intonations grégoriennes en style levantin, et des attaques à la justesse malmenée en dehors de toute considération stylistique ou technique.

L’exotisme a son charme ‑ le fantasme d'un retour à la nature sauvage aussi. Mais gagnent‑ils à s'exprimer dans ces musiques ? Les éléphants ne sont-ils pas plus gracieux dans la savane ? Malgré trente ans d'expériences redondantes dans ce genre, et de déclarations de principe arrogantes, j'en reste persuadé.


 Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these suppliers.
  FR  -  U.S.  -  UK  -  CA  -  DE  JA -  
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à défrayer les coûts d'exploitation de ce site.
 

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews