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Diapason # 658 (06/2017)
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RIC379




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Analyste:

Après un tour d'essai glané dans les cinq Livres de viole publiés de 1686 à 1725 par Marais (cf no 644), I’Achéron entame son odyssée par le premier. Sans aucun des « tubes » parsemés dans les quatre autres, c'est le moins flatteur pour le soliste, et le moins enregistré. Si son inspiration n'égale pas celle des oeuvres à venir; la profusion de ses caractères et des subtiles déclinaisons des danses françaises est un bonheur en soi dans la nouvelle intégrale.

Lorsque Marais livre aux presses ce PremierLivre de pièces à une ou deux violes, l'instrument est au faîte de sa gloire. De nombreuses méthodes pratiques consignent les techniques de jeu qui divisent alors les spécialistes sur la question du « beau port de main ». Marais participe alors, au sein de l’Académie royale de musique, à toutes les tragédies lyriques de Lully ‑ à qui la préface rend un hommage appuyé.
 

Quatre‑vingt‑dix pièces, organisées en neuf longues Suites, permettent à l’Achéron de décliner tous les effectifs possibles, conformément aux pratiques du temps et aux suggestions du compositeur: le théorbe seul, ou le clavecin, ou l'archiluth joint au théorbe, ou la guitare, amplifie(nt) la (ou les) viole(s). Mais aucun tutti au fil des quatre heures: on s'en passe d'autant mieux que tous ces experts font sonner leur réalisation avec une constante plénitude et rivalisent de raffinement. Parfois simples accompagnateurs, parfois plus audacieux dans la prise de parole, ils façonnent la direction musicale avec une très grande sûreté.

Andreas Linos, à la seconde viole, est un partenaire très présent. Mais Joubert‑Caillet joue la carte de la viole seule dans le prélude d'ouverture, rappelant ainsi que la première édition fut (faute de temps) publiée sans la basse continue, et que la partie de viole est souvent autonome. Il possède cette belle diction jusque dans l'aigu de l'instrument, une expressivité personnelle du détail ornemental immédiatement séduisante. La souple Chaconne en sol à deux violes (très habilement construite) rend justice à la progression harmonique subtile de la forme à variations, et Philippe Grisvard en flatte les beautés au clavecin avec le talent qu'on lui connaît.

Joubert‑Caillet est très attentif aux différentes humeurs des préludes, accentuant ici l'idée orchestrale (la majeur), évoquant l'écho d'une Leçon de Ténèbres à la Couperin ( mineur), étirant les dissonances (sol mineur). Parfois l'harmonie audacieuse rappelle Delalande (prélude en majeur) et surprend par des enchaînements d'accords extraordinaires. Dans cette peinture des caractères, L’Achéron sait dispenser énergie et juste trait. Ce Tombeau de Mr Meliton enivré de dissonances qui ne trouvent jamais le repos fait songer à une musique spectrale avant l'heure.

On ressort avec curiosité les deux Suites gravées en 1978 par l'équipe héroïque de Savall, Coin, Smith et Koopman: l'atmosphère générale de l’Achéron perd en mystère et en ambiguïté ce qu'elle gagne en précision, toujours expressive.

Philippe Ramin


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