Texte paru dans: / Appeared in:
*

Diapason # 626 (07/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


DHM
 DHM331432




Code-barres / Barcode : 0888430314320 (ID428)

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

0ui, il y eut bien un Gluck métastasien d'avant les expériences engagées à Vienne avec Orfeo ed Euridice. Le disque avait déjà révélé lEzio de Prague voici La clemenza di Tito, créée à Naples en 1752 avec en protagonistes Caterina Visconti (Vitellia) et le castrat Caffarelli (Sesto). Cecilia Bartoli en avait offert quelques airs majeurs dans son album Gluck (Decca), parmi lesquels le « Se mai senti » qui nourrira la déploration d'Iphigénie en Tauride. Mais l'aubaine de ce coffret est d'offrir enfin une réalisation soignée d'un opera seria sur le superbe livret de Métastase, mêlant passions politiques et tragédie de l'amitié trahie ‑ la version princeps de Caldara (1734) n'a pas eu cette chance discographique (Bongiovanni, à oublier). La clemenza di Tito de Mozart, en procédant à d'importantes suppressions et redispositions des trois actes d’origine, a occulté une partie de leurs qualités dramaturgiques, justement exploitées par Gluck. Ici Annio, et Servilia ont un tout autre poids (acte Il en particulier), l'empereur bienveillant assume aussi son visage véhément (« Tu, infedel »), tandis que Vitellia, calquée sur l'Hermione de Racine, et Sesto déploient amplement (cinq airs pour chacun) les mouvements contradictoires dont ils son pétris. Emportée ou méditative, d'une économie impressionnante dans l'usage des codes hérités du baroque, l'invention de Gluck s'attache à l'éloquence et à la pulsation vitale des personnages, et prouve ce faisant la viabilité du drame de Métastase.
L’interprétation emporte l’adhésion malgré ses faiblesses de détail et une réticence générale à l’ornementation. L’ensemble est porté sans relâche (récitatifs compris) par un chef dont l'acuité théâtrale n'est guère prise en défaut, même si on désirerait un orchestre moins souvent âpre. Hormis un préfet Publio décadent malgré lui, les chanteurs servent fièrement la cause de cette rareté. A une Servilia consistante, au caractère trempé (il le faut), fait pendant un Annio tout tendresse et musicalité. Raffaella Milanesi flotte audiblement dans l'habit de Caffarelli, mais elle compense ces limites par une expression vigilante. Laura Aikin remplaçait Simone Kermes et on ne s'en plaint pas, tant cette Lulu hors pair attrape avec exactitude les mots et le ton de Vitellia, sinon l'entièreté de sa chair ou de son style. Et l'heureux retour de Rainer Trost ! Le tact mozartien, l'autorité virile, quelque chose de Jozsef Réti, voilà Titus
bien honoré.
 

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews