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Diapason # 648 (07-08/2016)
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Analyste: Gaëtan Naulleau 

Trois Diapason
‑ qui, sans Bartoli, seraient Deux ‑ mais assez de bonheur. Les ennemis de la diva y trouveront leur compte en la voyant à genoux, mains dans le dos, un sac à patates sur la tête. C'est ainsi qu'à Salzbourg en 2012, Patrice Caurier et Moshe Leiser la montraient prisonnière de Ptolémée tout au long du long « Piangerò ». Quant aux fans, ils lui trouveront sans doute du sex‑appeal en Cleopâtre‑Marylin juchée sur un missile (scène du parnasse), et se réjouiront bien sûr qu'un de ses rôles majeurs, endossé dès 2005 à Zurich (cf nº 526 page 68), entre ainsi dans l'éternité ‑ deux concerts enregistrés salle Pleyel début 2010 restant, à sa demande, dans les tiroirs.

L’accumulation agitée de gags ne fait pas un rythme: elle le sape. Pour l'art du timing dans l'opéra baroque, à l'échelle des airs et des actes, le Giulio Cesare de David McVicar posait un modèle, réglé comme un show à Broadway (DVD Opus Arte). Le spectacle de Glyndebourne traitait un sujet simple (coup de foudre imprévisible des deux maîtres du monde), que celui de Salzbourg ruine d'emblée: voici César en empereur d'opérette, benêt ne captant même pas, au II, le lapsus par lequel Lydia‑Cléopâtre se dévoile. La maladresse gagnante des situations se résume à la première apparition de la reine d'Egypte : femme de ménage en niqab, balais en main. La star déchue par autodérision : effet facile, et vain puisque César doit succomber aux charmes, qu'il détaille dans un air galant. Ainsi de suite. D'un bout à l'autre de « Son nata a lagrimar », duo empathique par excellence, Philippe Jaroussky... tourne le dos à sa mère. Il fallait y penser. Le contre‑ténor, qui ne possède pas naturellement l’élan vengeur de Sextus, ne gagne rien à le chercher en short blanc ‑ pure merveille, son phrasé dans l'élégiaque « Cata speme ».
La mayonnaise ne prenant pas, nos dramaturges changent de cap sans cesse pendant les airs. Hormis « Pianger
ò ». Partie A: sac à patates, partie B : sac à patates, Da capo... le cameraman, qui faisait de son mieux avec les lumières sombres portées sur le vilain décor, n'en peut plus. C'est pourtant le sommet vocal de la soirée, pour l'intensité de la ligne, l'égalité dense du timbre, l'autorité faite rayonnement.
Une bonne part de la critique, en 2012, incriminait le chant placide d’Andreas Scholl. Pourtant, dans cette captation sans relief (où les micros semblent à trois centimètres des lèvres et l'orchestre en coulisse), le mordant de la vocalise et les couleurs forcent plus que le respect. Face à lui, le troisième contre‑ténor, Christophe Dumaux, en impose une nouvelle fois en Ptolémée... et vous fait regretter le venin délectable de son personnage à Glyndebourne. Pour tenir le public en éveil vers la fin, Cecilia fume un gros pétard. Passionnant.



 

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