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Diapason # 648 (07-08/2016)
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ECM 411716



Code-barres / Barcode : 0028948117161

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naullau

Luths et théorbes étaient‑il, à l’époque où Lully compose ses tragédies lyriques, les instruments de l’intime par excellence ? Mais l’intime, pour Rolf Lislevand, n’est pas un boudoir plein de jolis coussins : c’est l’espace où la confidence est perméable aux éclats comme aux sanglots lourds; c’est une connivence entre musicien et auditeur qui autorise ellipses, énigmes ( l’entêtante Mascarade, bijou d’une minute trente), ruminations (la Chaconne en la mineur, qui sans cesse se replie sur elle‑même). Le cliché d’un théorbe évanescent et courtois, rêvant la danse plutôt que dansant, parlant à demi‑mots, n’est pas la tasse de thé de notre virtuose venu d’Oslo. Il lève le voile et déclame, il orne à profusion ‑ à l’égal des meilleurs clavecinistes jouant d’Anglebert et Couperin, collègues de Robert de Visée à la Chambre du roi. S'il le fait, c'est avant tout... qu'il peut le faire. Sa vélocité digitale se double dune assise rythmique extrêmement stable et fine. Qualités qu’aucun autre luthiste ne réunit à ce degré. Sa première incursion au Grand Siècle n'a pas fait l’unanimité (2003, cf no. 505). Ce ciselé hyperactif tournait‑il quelquefois à vide ? Cette fois, la question ne se pose pas. Le fourmillement des doigts, auxquels un instant suffit pour captiver l‘oreille,    concentre tout au long d’un album sombre des caractères denses. mineur; sol mineur; la mineur, si mineur (conclusion sur une sarabande anxieuse) Les Sylvains ponctuent comme une oasis un cheminement de l’intranquilité. Même la grande chaconne qui s'annonce en sol majeur se voit, dès le début, grignotée par les ombres de sol mineur. Lislevand l’inscrit après une autre chaconne,elle‑même assez développée, et renforce ainsi le magnétisme des formes obstinées. Mais la précédente s’élance à la guitare : le récital est construit de telle sorte que chaque réapparition du théorbe, et par conséquent des basses, est un délice. En retour, chaque entrée de la guitare nous amène à écouter autrement la vibration des rythmes serrés et des harmonies, sur lesquelles surnage parfois un chant, ou ses bribes. Les pièces de guitare sont celles de Corbetta, qui l’enseigna dans les plus hautes cours d’Europe, et notamment à Louis XIV

Les micros jettent une lumière douce sur un diamant noir auquel Lislevand prélude avec un texte magnifique : « j'ai compris [avec Hopkinson Smith] comment une poignée de notes (jouées au luth] pouvaient animer un geste plus gracieux que n'importe quel mouvement du corps, plus figuratif qu’un paysage entier, plus articulé que la plus parfaite, poésie. »      

 


 

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