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Diapason # 659 (07/2017)
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Glossa
GCD922807




Code-barres / Barcode : 8424562228078

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Un ensemble madrigalesque de tout premier plan dans le Vespro ? C'était en 2004 le propos d'Alessandrini et son Concerto Italiano, c'est aujourd'hui celui de la Compagnia del Madrigale. Son ténor, Giuseppe Maletto, est également un pilier de Cantica Symphonia, dont l'album Isaac recevait l'an dernier un Diapason d'or. Les deux groupes, régulièrement fêtés dans ces colonnes, nous laissaient attendre un sommet. Nous tombons de haut avec cette lecture fantaisiste, mais vendue par Maletto comme « historiquement informée ».

Il empile de longs arguments spécieux pour justifier le choix d'un diapason anachronique à 440 Hz, des transpositions variables (les deux Magnificat et le Lauda Jérusalem) ; la partie d'orgue confiée à un instrument souffreteux soutenu par d'omniprésentes basses d'archet, voire répartie entre harpe et viole ; un choeur, de seize à dix‑huit chanteurs, hérité de la tradition moderne, quand la philologie suggère une voix par partie pour la plupart des pièces. Surtout, le résultat sonore est peu glorieux : l'opulence chorale et sa médiocrité technique floutent le texte et la polyphonie (pâteux Lauda Jérusalem). Les instruments ne s’en tirent pas mieux : les timbres des cornets sont désagréablement cuivrés (en particulier lorsque, accordés à 490 Hz, ils doivent transposer pour sonner à 440!).

L’épineuse question du tactus et des rapports de mesure est plus discutable encore! L’intention de départ était excellente : choisir des tempos plutôt retenus, solennels et conformes au caractère ecclésiastique de l'oeuvre. Mais si Maletto introduit quelques proportions rythmiques rigoureuses (les hémioles les plus évidentes) lors des incessants changements de mesure notés par Monteverdi, la plupart du temps, il s'abandonne à des fluctuations arbitraires : de fait, rares sont les enchaînements convaincants. De même, le débit du récitatif psalmodique est, comme dans la plupart des interprétations, incohérent d'une pièce à l'autre (lenteur pour le Domine ad adjuvandum, chant mesuré plus rapide pour le Dixit Dominus).

Enfin, les auteurs de la Renaissance distinguaient deux modes de chant bien distincts : les voix da camera, souples et agiles, et celles, plus sonores et amples, da chiesa. Les admirables madrigalistes de La Compagnia ne parviennent pas à se métamorphoser en « chantres de chapelle » ‑ ce qui, d'ailleurs, était aussi le cas du Concerto Italiano, mais à un niveau de réalisation bien supérieur. Confrontés à un style et une surabondance de diminutions ornementales, à des amplitudes de tessiture et à des modes d'émission vocale (pour les notes tenues des cantus firmi ou les phrases distendues des polyphonies) très éloignés de leurs répertoires habituels, ils paraissent désarmés. En témoignent le triste Duo Serafim, le terne Pulchra es et l'Audi Coelum trop étriqué, à chaque fois en deçà des exigences de virtuosité, d'ampleur, de puissance et d'éloquence de la partition.

Alors, pour une vraie reconsidération musicologique et stylistique de ce chef‑d'oeuvre maintes fois enregistré, retournons vers les lectures décapantes de Sigiswald Kuijken (Challenge Classics, 2007) ou même ,du pionnier Andrew Parrott (Emi, 1984). Et pour réjouir nos oreilles frustrées, revenons aux splendeurs autrefois révélées par Savall (Alia Vox, 1988), Gardiner (Archiv, 1989) et Alessandrini (Naïve, 2004).

 


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