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Diapason # 627 (09/2014)
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Ondine
ODE12432D




Code-barres / Barcode : 0761195124321 (ID434)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Philippe Ramin

Le cycle sans modèle de Biber réunit quinze sonates à caractère représentatif, autour des mystères du rosaire (Annonciation, Visitation, Nativité, etc.). Le recueil est également célèbre pour l'usage de différentes scordatura, autrement dit de différents accords des quatre cordes afin de jouer sur les résonances du violon et de permettre d'originales combinaisons de doubles cordes.

Dans sa discographie désormais très fournie, les interprètes se rangent en deux catégories: l'approche descriptive, qui cherche par quels effets sonores refléter le sujet religieux, ou une démarche. plus abstraite, qui observe les similitudes d'écriture avec les sonates contemporaines et traite le tout comme un recueil sollicitant particulièrement la virtuosité. Sirkka­Liisa Kaakinen‑Pilch et son ensemble penchent pour la seconde solution. Ils dessinent idéalement les nombreuses danses du recueil, et la violoniste traite la polyphonie de sa partie avec un sens aigu des proportions sonores. Elle laisse la mélodie dominante porter les courantes, ou creuser la gravité des sarabandes.

La saisissante nudité du prélude de la première sonate pourrait faire craindre le recours à des effets éculés, où le continuo passe d'un décor minimaliste à Bollywood sans crier gare. On est vite rassuré. La caractérisation instrumentale se double d'un vrai travail sur les spécificités harmoniques d'un chiffrage (deuxième et huitième sonates entre autres) typique de l'Allemagne du XVIIe siècle.

La concentration de l'expression dans les pièces lentes (lamento de la sixième sonate), le sens dramatique de la « Crucifixion » portent un éclairage nouveau. On réalise alors que la réflexion sur le jeu instrumental, l'étrangeté des timbres propre à la scordatura, la réalisation du contrepoint à l'orgue font apparaître cette fameuse dimension descriptive... comme par magie, sans forcer le trait. La technique de la violoniste finlandaise éblouit dans la Passacaille finale. Une version très habitée, respectueuse du cadre stylistique et cependant aventureuse.
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