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Diapason # 648 (07-08/2016)
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DGArchiv 4795555



Code-barres / Barcode : 0028947955559

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

 

Archiv, rebelote

 

De 1959 à 1981, deux décennies du renouveau de la musique ancienne sont résumées dans un coffret maladroit mais précieux, pour quelques raretés enfin sorties de l'ombre.

 

 

Un troisième cube à la gloire (et sur les cendres) de la collection Archiv se justifiait‑il ? L'impeccable deuxième (Cf n° 614) remplissait à merveille son contrat : évoquer en zigzag, entre figures emblématiques et artisans oubliés, la force de proposition d'un label déterminant dans l'aventure de la musique ancienne. Cette fois l'éditeur serre le cadre: d'une part le début de la stéréo, de l'autre la fin de l'analogique; d'un côté les vocalises flûtées de la divine Maria Stader en 1959 (Jauchzet Gott avec Richter), de l'autre l'incomparable déclamation en clair­obscur de Montserrat Figueras en 1981. Balises idéales s'il fallait encore prouver que le renouveau des styles fut, avant tout, une puissante émancipation des rythmes ‑ figés sur la page, libérés par l'exemple de la parole.

Les classiques ? L’oeil rivé sur le texte, les Suites de Bach hautaines et claires de Fournier, la Messe en si anguleuse et irrépressible de Richter (1961), Troyanos et Mackerras dans Dido. Les mots prennent le dessus avec les bambins splendides de Ratisbonne clamant Schütz, le premier Orfeo de Nigel Rogers, le génie rythmique de David Munrow dans l'anthologie Music of the Gothic Era. L'ordre chronologique, en juxtaposant l’Acis et Galatée (Handel) amidonné de Gardiner en 1978 et les Suites de Bach par l'English Concert, nous rappelle pourquoi la bande à Pinnock a tant marqué les esprits ‑ rien n'approchait alors cette pure splendeur instrumentale. L'Offrande musicale par les jeunes lions de Musica Antiqua Köln, à la fois bras de fer et jeu de l'esprit, vous chauffe les neurones comme à sa parution en 1980.

 

 

Etait‑il nécessaire de livrer, en 4 CD, tout le cycle Telemann de Josef Ulsamer ? de consacrer deux albums à la Camerata Bern ? Côté raretés, l'éditeur se fait une fierté de ressortir pour la première fois « Battaglie et lamenti », le seul album de Savall pour Archiv, au grand complet. Certes, mais trois pages seulement, instrumentales et secondaires, manquaient à sa réédition chez Alia Vox. Le Pigmalion de Marcel Couraud refait enfin surface, et avec lui le « Vaste empire des mers » extraits des Indes galantes où Andrée Esposito remet à leur place toutes les demoiselles qui, sur la scène baroque, croient déclamer quand elles ne font que surarticuler. Les Royal Fireworks de Wenzinger ne gagnent pas à être connus, les pièces pour luth de Dowland sont épelées plus que phrasées par Konrad Ragossnig, Fernando Germani prend Frescobaldi pour Mondrian.
 

Mais l'orgue nous vaut aussi des retrouvailles essentielles avec le testament d'Helmut Walcha. En 1981, le vieux maître aveugle revenait sur le petit Schnitger tant aimé de Cappel, celui de sa première intégrale Bach, et visitait les prédécesseurs de Bach. Cinq microsillons aux enchaînements subtils glanaient les chefs­ d'oeuvre de Lübeck, Bruhns, Scheidt, Buxtehude, Tunder.. Seul un coffret réservé au marché allemand avait repris cet ensemble où Walcha semble partout s'émerveiller de la beauté de l'instrument et de la musique. Merci.


 

 

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