Texte paru dans: / Appeared in:
*  

Diapason # 617 (10/2013)
Pour s'abonner / Subscription information


Aparté
AP059



 Code-barres / Barcode : 3149028032123

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Jean-Luc Macia
 

Placé sous la symbolique de la mort libératrice, ce beau disque réunit des oeuvres attribuées sans certitude à Luigi Rossi et deux pages célèbres de Monteverdi, encore que le Lamento soit une adaptation de celui de l’opéra Arianna, sur un texte anonyme différent de celui que le Mantouan inséra dans son sixième Livre de madrigaux. La même thématique parcourt le CD : « Un jour on rit, le lendemain on pleure […] aujourd’hui on naît, demain on meurt » (Monteverdi) ; « Jamais le ciel ne refuse sa clémence à celui qui pleure » (Rossi). D’où ce perpétuel balancement, typique des prêches de l’Oratoire dans l’Italie du XVIIe, entre la joie et la mélancolie, entre la peur et l’espoir et, musicalement, entre l’aria spirituelle et des plaisirs profanes.

Geoffrey Jourdain réussit parfaitement cette opposition dans le Chi vol che m’innamori extrait des Selva morale : une allégresse madrigalesque stimulante alterne avec de ténébreux moments de tristesse, avec sans doute plus de contrastes et de dynamisme que, jadis, Christie, ou, plus récemment, Garrido. Les Cris de Paris sont ici en formation de solistes, cinq au total mais trois dans ce morceau, avec un petit ensemble de cordes et un continuo profus.
Dans les deux cantates de Rossi, la succession des solos et des ensembles (trios et quintettes), celle d’élans lyriques (le bel canto éperdu de la plage 13) et de profondeur réflexive nous plonge dans un maelström d’impressions bouleversantes, où la prière côtoie l’exaltation. Cette rhétorique incessante est parfaitement exprimée par Les Cris de Paris. Le ténor Emiliano Gonzalez Toro, à qui Jourdain a confié les parties d’alto, s’illustre avec un bonheur déclamatoire d’un raffinement idéal (par exemple plage 7) tout comme l’excellente basse de Lisandro Abadie. Dommage que la soprano Edwige Parat se laisse parfois aller à des aigus criards (plage 6) tandis que sa consœur Karen Vourc’h arbore une autre sensibilité et un chant mieux maîtrisé : malgré quelques sons un peu sourds, elle défend avec passion les élans et les désarrois de Madeleine dans le Lamento montéverdien.

L’admirable madrigal à cinq qui conclut la deuxième cantate de Rossi résume par son équilibre et sa somptuosité vocale la beauté d’un disque original.

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews