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Diapason # 617 (10/2013)
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Naïve
V5333




Code-barres / Barcode: 0822186053331 (ID340)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Denis Morrier
 

Au XVIIIe siècle, la rivalité entre les virtuoses engendrait de véritables duels musicaux, dont certains sont restés mémorables. La rentrée discographique nous en offre un nouvel avatar. Deux de nos plus éminents contre-ténors ont souhaité endosser les costumes des deux plus faeux castrats du XVIIIe siècle dans deux albums concurrents. Quand Philippe Jaroussky évoque l’art aristocratique et raffiné de Farinelli (cf page 99), Franco Fagioli se tourne quant à lui vers l’éruptif et capricieux Caffarelli.

Le jeune virtuose argentin s’est récemment distingué dans diverses productions handéliennes prestigieuses. On l’a vu il y a huit ans déjà en Giulio Cesare face à la Cléopâtre de Bartoli, à Zurich, et l’an dernier il faisait partie de l’aréopage de contre-ténors réunis par Max Emanuel Cencic dans le mémorable Artaserse de Vinci (Virgin, cf n° 607). Sa voix puissante, sa vocalisation agile, quelque peu surarticulée, ne sont pas sans évoquer la technique d’une Cecilia Bartoli, chanteuse pour laquelle il professe une admiration sans borne. Si celle-ci avait su nous passionner avec son « Sacrificium », hommage mosaïque à l’art des castrats, Fagioli ne parvient guère qu’à irriter et lasser par l:uniformité de sa réalisation. A-t-il souhaite, par son programme et son interprétation, évoquer avant tout les travers égocentriques et prétentieux de Caffarelli ? Dans ce cas, il atteint son but. Cette litanie d’arias da capo signés par divers compositeurs lui permet de rivaliser en prouesses pyrotechniques sur un ton systématiquement démonstratif. A son agilité musclée répondent les rutilances artificielles d’un orchestre survitaminé.

Epuisants, ces cuivres tonitruants dans les arie difurore de Vinci, Hasse et Sarro ! Fastidieux et monotones, ces déferlements de vocalises, passaggi, gruppi, note ribattute et autres décorations qui masquent l’expressivité mélodique au lieu de l’exacerber. On éprouve une vague émotion en de trop rares passages du « Misero pargoletto » de Leo, ou du « Rendimi più sereno » de Sarro (avec un beau solo méditatif de hautbois). Là encore, on demeure irrité par ces trilles glougloutants, ce trémolo envahissant, ce jonglage d’aigus agressifs et de graves poitrinés. A tant vouloir épater, le soliste et le chef ne parviennent même plus à impressionner ! 

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