Texte paru dans: / Appeared in:
*
  
Classica # 166 (10/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


Alpha
ALPHA195




Code-barres / Barcode : 3760014191954 (ID457)

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

DUNFORD, DAMOUR ET DE LUTH

Le talentueux Thomas Dunford, accompagné d’Anna Reinhold, raconte avec intensité la transition de l'esthétique Renaissance au style Baroque.

 

Une belle anthologie d’oeuvres à la fois vo­cales et instrumen­tales qui illustrent magnifiquement le passage en­tre Renaissance et Baroque, voilà le programme qu'annonce le texte de présentation. De Giulio Caccini (1551‑1618) à Barbara Strozzi (1619‑1677), ce sont ainsi trois générations qui construisent ce Labirinto d'amore balisé de points de re­père familiers tels cette Lettera amorosa de Monteverdi, « A­marilli mia bella » de Caccini ou la Canzone spirituela sopra la nina nana de Merula déjà magnifiés par Montserrat Fi­gueras, Sara Mingardo ou Ma­ria Cristina Kiehr. Mais la rareté n'est pas ce qui fait le prix de ce disque. Il existe plusieurs en­registrements, signés Hopkin­son Smith (Astrée) et Luca Pianca (Teldec), du Primo libro d'intavolatura di lauto (1611) dont Thomas Dunford a retenu les huit toccatas.

Le luthiste, déjà repéré par un premier disque Dowland et Anna Reinhold, éclose dans Le jardin des voix de William Christie, interprètent ce répertoire avec une assurance et une spontanéité sidérantes. Tels des musiciens de jazz qui connais­sent leurs standards depuis tou­jours et se plaisent à en varier l'allure au gré des soirées, ils sa­vent jouer de l'élasticité de la barre de mesure sans perdre le fil directeur. La souplesse et la délicatesse du jeu de Thomas Dunford s'accomplissent dans une lisibilité polyphonique su­périeure et une science du dis­cours (la gestion des répétitions et des silences) qui structure chacune des pièces. Comme à la scène, Anna Reinhold impose une présence et une intensité expressive peu communes, troublante sensualité de la dou­leur amoureuse ou tendresse bouleversée de la Vierge qui connaît le martyre à venir de son fils (Merula).

Même privé de fil d'Ariane, il ne faut pas hésiter à s'aventurer dans ce Labirinto et laisser ses sens s'abandonner.

Fermer la fenêtre/Close window

  

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews