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Diapason # 650 (10/2016)
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Aparté 
AP130



Code-barres / Barcode : 3149028078329

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaétan Naulleau

Deux violons, une viole, un clavecin et un luth suffisaient à Jordi Savall pour faire des Apothéoses deux livres d'images. Précisons qu'en 1985, les violons qui enflammaient notre imagination s’appelaient Monica Huggett et Chiara Banchini (Alia Vox, Diapason d'or). Au disque que l'on croyait inapprochable est venu se joindre il y a deux ans celui d’Amandine Beyer, avec le même effectif, un peu moins d’«atmos-phères » mais autant d'images, ciselées dans un foisonnement virtuose de détails (HM, Diapason d'or).

Avec la bande à Savall et celle de Beyer, les Apothéoses voyaient grand. Christophe Rousset a beau ajouter deux hautbois et deux flûtes, tous excellents, son Lully et son Corelli sonnent petit. Stylés, courtois, agréables, impeccables, mais chétifs. Est‑ce l'écriture délicate de Couperin qui impose aux interprètes de jouer si prudent quand leurs parties sont doublées ? C’est aussi que les deux violons semblent se reposer sur les changements d'effectifs pour assurer la variété des couleurs. On en veut à une équipe aussi douée et aguerrie de mettre si peu d'effort, d'idées, d'ambition, dans une musique qui bégaie alors d'une plage à l'autre. Les intertitres déclamés (« Vol de mercure aux Champs Elysées pour avertir qu'Apollon va y descendre », etc.) n'y font rien : nous n'entendons pas de visions, mais la déclinaison d'un système dont l'oreille a saisi toutes les ficelles au bout de trois numéros.

La surprise vient au début du disque, avec une cantate inédite en trois airs. En si mineur, le premier invoque l'Amour au secours d’Ariane accablée. Arrive Bacchus, qui jure à la belle une « ardeur éternelle ». Le troisième air danse la gigue sur une ode « sans fin au dieu du vin ». Stéphane Degout traverse les trois tableaux avec un port viril de tragédien, trouve les accents de la tendresse, et enjambe ce qui pourrait relever de l'humour (dès le deuxième récitatif, juxtaposition abrupte des ardeurs suicidaires d'Ariane et de la liqueur qui « rappelle ses sens et ranime son coeur»). Mais attendons un peu avant de sabrer le champagne. Cette Ariane consolée par Bacchus, qui dormait anonymement dans un recueil manuscrit conservé à Montpellier, est-elle bien l’Ariane abandonnée de François Couperin, partition perdue dont garde trace un catalogue du marchand Etienne Roger ?

S'ils convergent, les arguments avancés pèsent assez peu isolément. Le catalogue Roger ? Les titres diffèrent et renvoient à deux épisodes du mythe. L’importance de la partie de viole, instrument cher à Couperin ? Les sonates et les cantates de ses collègues lui réservent aussi de beaux solos. Enfin Rousset souligne dans la partie de basse continue un détail de chiffrage qui renverrait à une notation propre à l'auteur des Nations ‑ argument fragile quand on y regarde de plus près. Les débats seraient plus nourris si l’oeuvre était passionnante. Mais après tout, la demi‑douzaine d'airs profanes laissés par Couperin, tous charmants, ne voient pas beaucoup plus haut ‑ est‑ce un hasard si personne n'a pris le soin de les enregistrer malgré leur attribution indiscutable ?

 


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