Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 662 (11/2017)
Pour s'abonner / Subscription information


Linn
CKD569




Code-barres / Barcode : 691062056922

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Denis Morrier

Attendons la ver­sion gravée cet été par Philippe Herreweghe... Mais pour l'heure, l'anniversaire Monteverdi n'a rien apporté de lumineux à la discographie des Vêpres. Celui de 1967, en revanche, renouvelait en profondeur leur écoute: Harnoncourt en tandem avec Jürgens, Corboz, Le Roux, Craft et Stevens marquaient, chacun à sa manière, leur époque.

2017 nous aura apporté la version aussi fantaisiste qu'éculée de Giuseppe Maletto (Glossa, cf. no 659), et celle‑ci, plus paradoxale encore. Pourtant, dans ces deux « nouveautés », les interprètes pouvaient paraître parmi les plus pertinents du moment: Maletto convoque les experts de la Compagnia del Madrigale, tandis que John Butt, admirable musicologue par ailleurs, réunit la fine fleur baroque d’Angleterre (la plupart de ses musiciens se sont déjà illustrés dans diverses Vêpres montéverdiennes, en particulier sous la direction de Gardiner).

Butt s'inscrit dans la lignée des Parrott, Pickett et autres Kuijken : les interprètes les plus férus d'historicité. Il cite les travaux récents (et souvent contradictoires) de Jeffrey Kurtzman, Roger Bowers et Uwe Wolf pour opérer des choix somme toute guère peu innovants. À l'instar de Gardiner, il récuse toute tentative de reconstitution liturgique. Le diapason est aigu (466 Hz); les pièces en chiavette (Lauda Jérusalem et Magnificat) sont transposées vers le grave, ainsi que Parrott l'avait expérimenté dès 1984. Comme Kuijken et divers autres, il se concentre sur des effectifs instrumentaux et vocaux strictement solistes, mais nettement plus « musclés » qu'au sein de La Petite Bande. Les archets et vents brillants répondent à des voix puissantes ; l'ensemble, qui ne manque pas d'impressionner dans le Deus in adjutorium ou la conclusion du Magnificat ne fait jamais regretter l'impact vocal d'un choeur plus large.

Si Kuijken (comme Jochum en 1957) confiait la réalisation du bassus generalis au seul grand orgue, sans cordes pincées, Butt introduit un orgue numérique pour pallier l'absence d'orgue italien à Edimbourg. Plus discutable: il ajoute une harpe et un théorbe, lequel s'adonne à un indélicat et envahissant jeu razqueado dans la Sonata sopra Sancta Maria et le Magnificat. C’est tout le paradoxe de cette version ‑ la lecture de Butt, trop uniformément rutilante, manque de finesse et de contrastes. 

Nicholas Mulroy s'adonne à une ornementation trop extravertie dans le Nigra sum. Les trois ténors abordent le Duo Serafim comme un affrontement et non comme une communion angélique. De même, le dialogue   péremptoire de l’Audi coelum interdit toute élévation poétique. À trop vouloir célébrer le génie éclatant de    Monteverdi, John Butt semble avoir négligé sa profondeur et son humanité.                                   


 Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these suppliers.
  FR  -  U.S.  -  UK  -  CA  -  DE  JA -  
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à défrayer les coûts d'exploitation de ce site.
 

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews