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Diapason # 661 (10/2017)
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Claves
CLA1727



Code-barres / Barcode : 7619931172729

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Le rythme auquel de jeunes violonistes de tout premier ordre entrent en scène est aussi réjouissant que troublant. À peine avons‑nous retenu le nom d’Anaïs Chen, épatante il y a deux mois dans un disque Francoeur (Passacaille, Diapason d'or), qu'arrive la Bulgare Plamena Nikitassova, sortie elle aussi (comme Amandine Beyer, Leyla Schayeg, et tant d'autres fortes personnalités) de la classe de Chiara Banchini à Bâle. Son programme livre un large panorama du violon en terres germanique et autrichienne, à une époque où l'instrument prend ses lettres de noblesse avec la haute figure de Biber. Virtuose et compositeur, ce dernier lui confie non seulement son inspiration la plus brillante mais suggère aussi, dans le recueil « du Rosaire », que l'instrument populaire peut devenir la harpe de David, le chantre des mystères de la Vierge. Autour de lui, la plupart de ses collègues allemands se préoccupent de l'imitation de la voix et d'une réflexion nouvelle sur le contrepoint expressif. La sonate de Walther pousse à l'extrême ces possibilités, en lui demandant de réaliser seul les lignes supérieures d'un trio ! 

Un autre type de recherche, l'enharmonie enflamme l'imagination des compositeurs, en leur ouvrant de nouvelles pistes expressives. Le clavecin utilisé dans cet enregistrement, et inspiré par les textes de Praetorius, présente beaucoup plus de touches que les modèles habituels, ce qui lui permet par exemple de faire sonner un ré dièse distinct d'un mi bémol. La sonate de Muffat est le terrain rêvé pour cet instrument : Plamena Nikitassova prend un plaisir manifeste à souligner, avec son partenaire Jörg‑Andreas Bötticher, les enharmonies de l’Adagio central.

Dans un registre moins expérimental, la violoniste fait preuve d'une grande finesse quant à la présentation des caractères. La sonate de Lizkau, en début de programme, ne manque pas de surprises harmoniques, que l'archet subtil de la violoniste détaille avec un sens du chant très prenant. Les adagios rêveurs de Böddecker poussent plus loin ces abandons plaintifs.

On reste admiratif devant le degré d'ingéniosité des trois continuistes, qui réagissent à la moindre nuance de diction sous l'archet et ne manquent ni d'à‑propos ni d'humour (introduction de la sonate de Döbel sur le thème de l’Offrande musicale). Sans artifice facile, avec seulement un théorbe, un violoncelle et le clavecin alternant avec l'orgue, ils donnent une ampleur généreuse aux arias en chaconne. 

Ce florilège sort du lot dans une production « baroque » souvent monochrome, abonnée aux recettes convenues. L’expertise et le naturel dans le maniement de la langue ancienne semblent avoir fait un bond appréciable chez quelques ensembles soucieux de combiner historicité et sensualité !


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