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Diapason # 661 (10/2017)
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Analyste: Luca Dupont‑Spirio

 

Plutôt qu'un drame, c’est une fête vocale qu'offrait Handel à la princesse Anne et au prince d'Orange pour leurs épousailles, le 13 mars 1734. Carestini, Durastanti, Strada del Po, étoiles de sa nouvelle troupe, illuminaient des numéros empruntés pour la plupart à des oeuvres antérieures ‑ Athalia notamment ‑, souvent revus pour les interprètes du jour. Histoire indigente, épisodes brillants. Apollon, Orphée et les muses font le show en italien pour les noces de Thétis et Pélée, mêlant leurs airs et duos à des choeurs d'esprit oratorien.

L’entrain jovial de King (Hyperion 2008, cf. no 564) ne suffisait pas à allumer ce feu d'artifice lyrique, privé de vrais virtuoses. Si ce deuxième enregistrement (un live bâlois) donne dans l'opulence, on n'y trouve ni le pur brio appelé par la partition, ni la fraîcheur qui faisait le charme de la version précédente. Malgré de belles techniques, les solistes réunis par Andrea Marcon se perdent entre les exigences vertigineuses de la musique et la simplicité du propos. Maître de cérémonie plein d'aplomb, l’Apollon de David Hansen manque de souffle pour libérer des vocalises ‑ celles du finale passent de justesse. Dans ses efforts pour suivre les pas de Strada del Po (en Clio), Robin Johanssen force le ton et s'empêche de sourire au milieu de la fête ‑ « Circondin lor vite ». 

Jenny Högström prend un chemin comparable en Calliope/Durastanti. Même Kangmin Justin Kim, qu'on a vu sauver de semblables situations, paraît curieusement tiède en Orphée ‑ quelle grâce dans « Sin legrazie », en duo avec Johanssen ? Peut‑être les voix charmeraient‑elles davantage si l'enregistrement ne les noyait dans la réverbération de la Martinkirche bâloise et dans un orchestre trop présent. Marcon lance ce dernier à coups d'accents brutaux ou le laisse courir sur une route sans aspérités. Une belle énergie, pourrait‑on dire, transmise à un choeur enflammé et à un public qui ne retient pas ses applaudissements.


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