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Diapason # 651 (11/2016)
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Capriccio 
C5286



Code-barres / Barcode : 0845221052861

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Beethoven, en greffant trente‑trois variations sur la Valse de Diabelli, adressait‑il un pied de nez à Bach ? Ce dernier se contentait de faire jeu égal (Aria, trente variations, Aria da capo) avec le kaléidoscope en trente-deux volets de Buxtehude sur La Capricciosa. Christine Schornsheim a la riche idée de réunir les deux oeuvres. Son jeu solide et souple nous révèle chez Buxtehude un aspect moins saillant, mais important, des Goldberg: le long cumul des variations exprime, autant que l'ingéniosité savante de l'auteur, son plaisir à jouer avec l'auditeur en lui glissant « figure‑toi que j'ai encore un tour dans mon sac ! » Mais là où Buxtehude ajuste des contrastes nets d'une variation à la suivante, Bach a l'ambition d'une grande forme articulée en profondeur. Il emprunte à son aîné, entre autres inventions, l'idée de la variation sur un trille, et profite comme lui de cette vibration continue pour tendre l'oeuvre vers sa conclusion ‑ Beethoven retiendra la leçon dans l'Opus 109.

Christine Schornsheim revient aux Goldberg sur un clavecin bien supérieur au Klinkhamer d'après Labrèche qu'elle jouait en 1994 (cf. no 435). C'est d'ailleurs Christophe Kern, le facteur du nouvel instrument (d'après Mietke) qui a su la convaincre de se remettre à l'oeuvre. Invitation irrésistible, également, pour le discophile, qui se régale de timbres à la fois si généreux et si délicats. Brillant, le tutti préserve une douceur qui n'est pas une mollesse de la diction mais le gain d'un aigu flûté, typique de cette facture allemande du XVIlle employant des cordes en laiton : voici l'un des plus beaux instruments de la discographie, à ranger entre le Hemsch de Rousset (Decca), le Sidey de Frisch (Alpha) et le Restelli de Guglielmi (Stradivarius). N'oublions pas le Kennedy d'Hantaï (Opus 111), copie de Mietke, lui aussi, mais d'un tout autre caractère, moins naturellement chantant que le Kern‑Mietke sous les mains de Schornsheim.

Pur plaisir, les vagues ondulantes en écho de la Variation XI et les tourbillons apaisés de la XXVI (surprise à la fin). L’humour (XXIII !) s'invite régulièrement dans le festin virtuose, l'Ouverture à la française gagne un élan fantastique (façon Goebel plutôt que Pinnock). Schornsheim profite de cette matière sonore malléable, de cette rondeur sans pesanteur, pour suspendre, contre toute attente, l'extravagante Var. XXIX, insouciante des barres de mesure, impressionnante, à l'opposé de la toccata gouldienne qu'on y entend souvent. On mesure là, dans cette façon d'amortir l'ébullition des pages précédentes pour conduire vers le Quodlibet puis l’Aria finale, l'intelligence formelle et l'originalité d'une lecture qui semblera plus convenue si l'on considère seulement ses éléments d'articulation et de phrasé.



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