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Diapason # 662 (11/2017)
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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Luca Dupont‑Spirio


« Les plus beaux airs de Handel chantés par le contre‑ténor à la voix d'ange », claironne le bandeau promotionnel. Ce n'est pourtant pas au Messie ou à La Résurrection que Philippe Jaroussky consacre ce récital, mais à des pages - souvent rares ‑ d'opéra italien. Un ange chez Amadis, Xerxès et Richard Coeur de Lion ?

Le timbre céleste, le cantabile restent uniques dans ce registre. « Se potessero i sospir miei », extrait d'Imeneo qui ouvre l'album, s'épanche dans un rubato irrésistible, des consonnes sensuelles, des vocalises suprêmement conduites ‑ écoutez les reprises dynamiques sur « cor », remplacées dans le da capo par les délices ornementales. On croit moins à la véhémence d’« Agitato da fiere tempeste » (Riccardo primo) ou de « Rompo i lacci » (Flavio). Non que la voix séraphique soit prise en défaut d'agilité dans les traits conquérants, impeccablement dessinés. Mais la puissance, la projection n'y sont pas celles d'un guerrier. Limité en force, Jaroussky l'est aussi par un médium dont la clarté empêche une certaine profondeur. Dans cette lumière, le sombre « Deggio morire » de Siroe contemple‑t‑il vraiment le dernier sommeil ? L'orchestre n'en donne pas l'illusion, imitant le tempérament du contre‑ténor sans offrir l'assise rythmique, l'intensité plus prégnantes qui feraient contrepoids. 

Parmi les moments qui transcendent une beauté un peu lisse, les extraits de Radamisto, présentés dans leur version pour Senesino. Le castrat, arrivé à Londres fin 1720, remplaçait la Durastanti dans un rôle‑titre qu'elle avait créé en avril ; Handel le transposait pour lui dans des tonalités plus graves. Jaroussky parvient à voiler son timbre pour creuser ‑ en finesse ‑ les aspérités élégiaques d'« Ombra cara » : huit minutes de pathos authentique où s'imprime la singularité du chanteur. Le sentiment du personnage prête à « Vile, se mi dai vita » l'ardeur espérée, et la tendresse douloureuse de « Qual nave smarrita » est simplement bouleversante. Plus loin, « Stille amare » (Tolomeo) ne reproduit qu'en partie cette tension. 

A l'image de cette inspiration intermittente, Artaserse engage un dialogue plus chambriste que dramatique. Si la flamme du théâtre nous manque souvent dans ce disque, ses charmes ne se discutent pas.


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