Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 662 (11/2017)
Pour s'abonner / Subscription information



Hortus 143  


 

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste:  Xavier Bisaro

Instrument paradoxal que l'orgue de Houdan : ce rarissime témoin de la facture sous le règne de Louis XV est aussi célèbre que peu présent dans la discographie. Sa taille modeste (plus proche d'un instrument de couvent que des grands 16 pieds des paroisses parisiennes) ou l'absence de jeux de pédale expliquent‑elles cette désaffection ? Les micros du nouvel album nous placent au plus près de ses timbres, d'une harmonie et d'un équilibre admirables, tout en laissant deviner la grande précision de sa mécanique. Déjà remarqué pour son aisance dans le répertoire français (cf son récital Gaspard Corrette chez le même éditeur), Régis Allard est l'heureux titulaire de cet instrument. 

Il se mesure, dans un programme Dandrieu‑Clérambault, à des prédécesseurs intimidants parmi lesquels Isoir, Boyer, Chapuis... et quelques autres! Sa vision du style français du XVIIIe siècle n'en est pas moins personnelle et convaincante.

Se mettant au diapason de l'instrument, Allard adopte un ton altier : peu d'abandon et fi des courbes pour des pièces plutôt habituées à des atmosphères alla Boucher. Si les récits les plus « tendres » perdent au change, cette manière souligne les racines chorégraphiques de certains mouvements, et restitue la richesse du discours polyphonique, même pour les versets d'apparence légère (duos et trios notamment). Régis Allard flatte l'inclination italianisante des deux compositeurs. Contemporains de la vogue des sonates et de la réunion des Goûts chère à Couperin, Dandrieu et Clérambault maintinrent dans leurs Suites pour orgue les recettes du siècle passé (plein‑jeu, fugue... jusqu'au grand‑jeu conclusif) tout en acclimatant plusieurs traits corelliens. 

Reste l'énigme d'un disque titré « Magnificat » sans aucun Magnificat... Certes, de telles « Suites » pouvaient se prêter à un alternatim avec les versets du Magnificat: pourquoi ne pas les chanter ici ? La restitution du dialogue entre l'orgue et la voix, faut‑il le rappeler, fait entendre tout autrement les formats concis auxquels devaient se plier les organistes d’Ancien Régime: l'empilement des miniatures devient alors un début de fresque.


 

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews