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Diapason # 619 (12/2013)
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Accent
ACC24286
Code-barres / Barcode : 4015023242869
Si la musique sacrée de l’inventif Biber bénéficie aujourd’hui d’une riche discographie, on ne peut en dire autant de celle de Kerll, pourtant tout aussi digne d’intérêt. Au sobre Requiem en fa mineur, révélé jadis par le Ricercar Consort, s’ajoute ici une messe concertante écrite en souvenir des souffrances de la ville de Vienne, assiégée en 1683 par les troupes ottomanes du grand vizir Kara Mustafa Pacha. L’empereur avait alors dû fuir sa capitale, héroïquement défendue deux mois durant par le comte de Starhemberg. L’oeuvre commémore à la fois la victoire et les angoisses endurées. Du contrepoint luxuriant à cinq et six voix émane une expression tour à tour brûlante, implorante, sombre et finalement radieuse. La messe recèle maints tours de forces, comme l’Amen chromatique qui conclut de manière saisissante le Credo. Konrad Junghänel a magnifiquement restitué les caractères changeants de cette somptueuse composition. Son dispositif réunit dix voix agiles et brillantes, alternant solos recueillis et tutti massifs. Elles dialoguent avec les parties de violons, aux sonorités fines et translucides (aux limites de l’acidité), et les cuivres ardents du Concerto Palatino.
L’autre moitié de l’album fait honneur à Biber, sans prendre congé de Kerll. En effet, le Vespro marial du premier (extrait des Vesperae longiores ac breviores publiées en 1693) se voit truffé de motets solistes du second, que Junghänel substitue aux traditionnelles antiennes gréoriennes. Le chef imprime partout une souplesse dynamique et rythmique enthousiasmante, culminant en un Magnificat dansant et jubilatoire. Enfin, l’introduction d’une éblouissante sonate tirée du Fidicinium sacro-profanum (1683) illustre une autre facette du génie de Biber : celle du violoniste virtuose originellement attaché à la cour de Kremsier, avant de la quitter dans des conditions rocambolesques pour devenir le musicien attitré du prince archevêque de Salzbourg.
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