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Diapason # 641 (12/2015)
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Aeolus
AE10236




Code-barres / Barcode : 4026798102364

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Depuis Sigiswald Kuijken, presque tous les violonistes « historiquement informés » se sont frottés en concert et au disque aux six sonates avec clavecin obligé, tous sauf Erich Höbarth. Dire que le pilier du Quatuor Mosaïques, le fidèle premier vioIon du Concentus Musicus de Nikolaus Harnoncourt, n'a quasiment jamais poussé en soliste la porte des studios! Face à ce merveilleux musicien, Aapo Häkkinen, ancien élève de Bob Van Asperen et Pierre Hantaï, apporte la sûreté de toucher et de construction musicale qu'on lui connaît dans les concertos du Cantor aussi bien que chez Rameau et Couperin.


Une des singularités de leur dialogue tient au clavecin choisi, une belle copie de Hass avec jeu de seize pieds. L’instrument n'est pas pris à rebrousse-poil (comme une machine à effets) mais plutôt exploité dans ses riches résonances. Imposant, il invite les interprètes à varier largement les couleurs d'une plage à l'autre, où en son sein, en épousant la logique concertante de certains mouvements. La profondeur harmonique est prodigieuse, la palette est aussi généreuse que son emploi est subtil. Et le violon n'a pas à danser sur la pointe des pieds ou à phraser particulièrement court pour ne pas dominer les deux mains du claveciniste.

 

Mais le projet dépasse largement la question de l'équilibre, certes cruciale dans l'écriture en dialogue des six sonates. Höbarth est d'abord occupé à chantier un contrepoint où verticalité et horizontalité vont trouver le rapport le plus propice à faire émerger l’expression, expression qui prend sous ses doigts des détours inattendus. On découvrira la tendresse la plus pure dans l'Allegro en mi majeur, une vague inquiétude dans la Sicilienne de la Do mineur ‑ sonate dont l’Adagio creuse un chemin bouleversant. Tout ceci opère un léger mais sensible changement de nos habitudes d'écoute.

 

Höbarth et Häkkinen mettent en scène une conversation entre esprits cultivés ; chaque mouvement nous invite à saisir progressivement la nature du nouveau sujet, pas à sauter de sa chaise devant une joute instrumentale. Cette dimension profondément humaine ressort tout particulièrement des deux mouvements lents de la sonate en fa mineur, où le chant gagne une fabuleuse subtilité.

 

Si on considère que l'idéal du contrepoint au XVIlle siècle est de combiner science et expression, le projet est réussi de manière inédite et palpitante.

 

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