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Diapason # 641 (12/2015)
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Harmonia Mundi
HMC902232



Code-barres / Barcode : 3149020223222

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Soler porte chance à Diego Ares, qui, tout jeune, décrochait son premier Diapason d'or pour un récital offert au maître catalan (Pan Classics, cf no 577). Cette fois, le claveciniste se penche sur un manuscrit conservé à la Morgan Library de New York, où quarante sonates sont groupées par paires, à la façon de Scarlatti. Le contenu harmonique des oeuvres semble appartenir à la jeunesse de Soler, tout préoccupé par les questions de modulation, très aventureux sur ce terrain. D'une aisance impressionnante, Ares fait souffler sur les partitions le même vent de liberté qu’en 2009. Contours mélodiques fantasques (Sonate no 4), caractérisation rythmique puissante alla Scarlatti en « intrada » amplifiée de larges arpèges (Sonate no 17), sonneries de cors (Sonate no 7), toute la boîte à outils du maître (acciacatures exceptées) est utilisée avec un goût marqué pour les modulations rapides. Les bons interprètes de Soler ne manquent pas, mais l'approche infiniment volubile et charmeuse d’Ares est unique. On a davantage le sentiment d’assister à une séance d'improvisation qu'à l'interprétation de pages écrites, tant la musique jaillit avec une énergie fraîche et constamment renouvelée. Et quelle jubilation dans le développement fiévreux de la Sonate no 3, cette transe dont les grands sauts, les notes répétées, les octaves semblent fuser spontanément. L’insertion d'un court prélude de Pablo Minguet, auteur catalan de traités sur la musique et la magie, évoque brièvement l'attrait pour l'enharmonie, véritable pierre philosophale qui transforme instantanément la couleur musicale et dont Soler deviendra friand. Ares touche de nouveau un clavecin de type espagnol qui permet de changer rapidement les combinaisons sonores et d'épouser ainsi les brusques revirements de la pensée créatrice. Capricieux et sensuel, d'une souplesse à toute épreuve, ce Soler ne s'impose pas à l'auditeur: il nous demande au contraire de nous laisser aller à ses rêveries, à son rubato, à ses visions instables et toujours baignées de tendresse.                

 


 

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