Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 641 (12/2015)
Pour s'abonner / Subscription information


Ricercar
RIC363




Code-barres / Barcode : 5400439003637

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction ~ (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

Quelle est la source de la vraie gloire ? Le librettiste Voltaire répond en trois points/ actes : ni la fureur de conquérir, ni le culte du plaisir ou la célébrité, mais la vertu désintéressée ajoutée à la valeur militaire. Plus qu'un « ballet héroïque »

Le Temple de la Gloire est une «fête », à l'imitation des livrets allégoriques de Métastase, honorant Louis XV dans la clémence de Trajan. Créé à Versailles en 1745, l'opéra fut repris à Paris au printemps 1746 avec un livret reconfiguré et une musique augmentée de numéros plus lyriques.

 

Hormis une Suite issue de la partition primitive et gravée en premier par Nicholas McGegan, seul Jean‑Claude Malgoire s'était aventuré au Temple de la Gloire (CBS, 1982, inédit en CD). Le nouvel enregistrement suit la partition de 1746 établie par Julien Dubruque, comblant un vide cruel de la discographie. Malgré les préventions qui s’attachent aux oeuvres de louange monarchique, celle‑ci est un monument à la gloire du compositeur, sur un livret parmi les meilleurs qu'il ait musiqués. L’acte III, merveilleux de bout en bout, y suffirait, mais la profondeur du Prologue (sans la danse extatique des Muses, à écouter dans la Suite) ou la pastorale de l'acte I captivent, l'acte de Bacchus frôlant, lui, l'esprit de Platée.

 

Guy Van Waas et ses troupes wallonnes abordent l'ouvrage en refusant, au rebours de la mode actuelle, d'impatroniser un clavecin permanent ou de barioler les danses par divers instruments ajoutés: à la bonne heure. Leur manière est tout sauf pusillanime, avec des basses affirmées, mais cette vigueur a son revers dans un déficit de dessin, de délicatesse et de différenciation des climats. Affaire de conduite du phrasé : le modelé fléchit dès le ProIogue, les Musettes ont je ne sais quoi d'épais, la gaieté autour de Bacchus manque d'un esprit plus pointu, et la longue chaconne du III néglige tension et fluidité tout ensemble.

 

Des gaucheries ou des mollesses déparent aussi un choeur pourtant averti. Récipiendaire d'airs et scènes de grand ton, Judith Van Wanroij leur rend heureusement justice, contras­tant avec le piquant très bienvenu de Katia Velletaz. On n'en dira pas autant de Chantal Santon‑Jeffery, dont la fadeur ne répond guère à des parties conçues pour le brio de Mlle Fel. Le métier et l'éloquence d'Alain Buet compensent-ils un or­gane contraint à la rudesse et au

discontinu ? Oui, du moins pour l'En­vie. Mathias Vidal, lui, fait goûter encore la clarté rayonnante de sa voix comme de son élocution, sa capacité à l'héroïsme, mais sa ten­dance uniforme à la contention, avare de nuances ou de moelleux, n'évoque guère en Trajan cette volupté de zéphyr qui était une gloire de Jélyotte. Ces réserves n'empêcheront pas ce livre‑disque, magnifiquement présenté, d'être indispensable aux amoureux de Rameau.

 

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews