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Diapason # 652 (12/2016)
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Hortus 
HOR135



 

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Analyste: Sophie Roughol

Michel Laplénie, qui pose la dernière pierre d'un chemin de trente ans avec Sagittarius, retrouve une oeuvre emblématique, celle du premier disque, en 1986: les Musikalische Exequien. Sublime adieu à la vie terrestre, cette musique accompagnait en 1635 le dernier voyage de Heinrich Reuss le Posthume. Pour l'excellent chanteur germaniste initié au baroque par Christie et ses jeunes Arts Florissants, Schütz fut un fil rouge.

La désormais belle présence de la partition au disque ‑ notamment Rademann (Carus), Gardiner (Archiv), Herreweghe (HM), Lasserre (Pierre Vérany), Haller (K617), Kuijken (Accent), Cordes (CPO), Meunier (Ricercar) ‑ ne le fait pas renoncer. En compléments, Laplénie glisse deux trios extraits des Petits Concerts spirituels, et deux polyphonies de la Geistliche Chormusik de 1648. Et offre en sus le très rare lch Beschwöre euch, ihr Töchterzu Jerusalem, qui fait dialoguer quatre sopranos et un trio masculin, en une lecture extravertie. Le Deutsches Magnificat SVW 494 u­time de 1669, en double choeur, figurait aussi au programme du jeune ensemble Sagittarius, dans lequel chantaient alors Véronique Gens, Jean‑Claude Sarragosse ou Jérôme Corréas. Très mouvante et contrastée, la nouvelle version diffère notablemment, jusqu'à l'éclat final un peu acrobatique.

Reste le coeur du legs. D'emblée, cette interprétation des Musikalische Exequien dispense une émotion particulière, qui s'accorde à la rhétorique lumineuse de Schütz. La comparaison avec la gravure récente de Vox Luminis (Diapason d'or) montre un point de vue commun: chapelle de solistes magnifiant le texte, alternance dans les solos de timbres à l'individualité affirmée, belle spatialisation du cantique de Siméon entre Terre et Ciel. Avec un continuo plus divers au long du disque (orgue du fidèle Emmanuel Mandrin mais aussi viole de gambe, violone et théorbe selon les oeuvres), Laplénie donne la primauté au grain exceptionnel des voix, construisant un espace sonore aéré et équilibré facilitant l'éloquence, au risque d'une déclamation plus impulsive de tel ou tel chanteur. Là ou Lionel Meunier décapait un texte à nu, Michel Laplénie bâtit une architecture globale au langage délié, ardent, ponctué d'affirmations saisissantes.
 

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