Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 663 (12/2017)
Pour s'abonner / Subscription information


Alpha
ALPHA299



Code-barres / Barcode : 3760014192999

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Gaétan Naulleau
 

En quelques années: The Age of Passions, Les Ombres, aujourd'hui Nevermind et l'intégrale filmée des Ambassadeurs… Les Quatuors parisiens de Telemann ne manquent pas d'avocats. S'il faut s'étonner, c'est au contraire que les deux fois six quatuors (Il 730 et 1738) ne soient pas une valeur sûre des concerts en France. Connaissez‑vous beaucoup d'opus, dans toute la musique de chambre baroque, aussi flatteurs pour les interprètes, aussi gratifiants pour l'auditeur ? Écriture partout ingénieuse, foisonnante mais limpide, où le contraste de couleur entre flûte, viole et violon ne demande qu'à devenir une variété de carac­tères en dialogue : un don du ciel. Mais que voulez‑vous, la figure encyclopédique de Telemann fait encore fuir au pays de l'Encyclopédie. 

Jean Rondeau et les siens abordent quatre quatuors (dont une rareté extraite d'un autre recueil) avec une palette de moyens hors du commun. Ils savent tout faire. La répartition toujours changeante des rôles, dans les échanges instrumentaux, leur inspire des textures splendides. Ils maîtrisent ensemble tous les degrés du rebond. Nous notions, à propos de leur album Guillemain‑Quentin (cf no 647), que la flûte d’Anna Besson n'était pas loin de tirer la couverture à elle face à un violon raffiné mais fuyant, c'est toujours le cas. On le guette au début du Quatuor en mi mineur, où le compositeur lève le rideau sur un motif heurté d'Ouverture à la française, mais Louis Creac'h détourne le regard et déplace le sujet vers un piano ténébreux, avant de danser divinement la partie rapide. Le Gracieusement est un baume. Leur osmose nous transporte quelquefois (Gay en si mineur, qui semble surgi d'un opéra de Rameau, finale pastoral du Sol majeur, Allegro du Fa majeur, sur un thème partagé avec l'ami Handel) mais peut agacer dans la chaconne (Modéré) qui conclut l'album, invention géniale de Telemann, dont le dialogue tourne à l'entre‑soi pâmé. 

Pour l'album précédent, nous laissions la splendeur l'emporter, sous Cinq Diapason. Cette fois, il n'est pas interdit de comparer. Le Quatuor en si mineur par exemple. Les trois frères Kuijken et Leonhardt seraient‑ils plus austères, comme le voudrait un lieu commun ? Plus francs, plus vigoureux, plus expressifs sur la durée, car plus intelligibles. Leur Prélude, mieux construit, retient l'attention d'un bout à l'autre. La comparaison la plus tranchée vient dans le Triste, d'une volupté sublime avec Nevermind, là où les aînés traitent précisément le sujet (appuis, harmonies, hiérarchie mélodique) et nous prennent à la gorge en articulant dès la première note tous les degrés de la désolation. Ce qui était sublime chez Nevermind, par contraste, semble dès lors vide de sens. Tout en ce bas monde est relatif.


 Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these suppliers.
  FR  -  U.S.  -  UK  -  CA  -  DE  JA -  
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à défrayer les coûts d'exploitation de ce site.
 

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews