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Diapason # 629 (11/2014)
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Sony 88843036822



Code-barres / Barcode : 0888430368224
(Classicalacarte ID471)


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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Philippe Ramin

Son enregistrement des cinq dernières sonates de Beethoven, premier disque magistral d'un jeune homme qui partage son temps entre le Maître de Bonn et le Cantor de Leipzig, impressionnait Gaëtan Naulleau (cf no 618) comme la presse étrangère. Cette fois, Igor Levit s'adonne à un exercice devenu périlleux depuis que les clavecinistes se sont emparés de Bach avec frénésie. Surveillés de près sur les questions ornementales, d'articulation, de phrasé et plus généralement d'éloquence, les pianistes ont davantage à prouver qu'au XXe siècle.

Comme dans l'album Beethoven quelques notes suffisent à distinguer un artiste au toucher et à la palette splendides. Une sonorité large et brillante vient modeler le contrepoint des préludes, et les doigts se jouent des pages les plus agiles comme la gigue en sol de la BWV 829. Sans maniérismes ni clichés, Levit creuse la matière jusque dans les pièces mineures ‑ les menuets de la BWV825 sont parés tour à tour d'un caractère guilleret et d'une tendresse inédite. La qualité de timbre et la conscience de la projection du son apportent aux sarabandes un relief profond. Jouant avec habileté des ressources dynamiques de son instrument, Levit met les couleurs au service du détail, sans plans sonores arbitraires, sans alternances staccato/legato faciles : du chant, rien que du chant, et le naturel d'un discours admirablement anticipé et conduit. Les ornements ? Ceux de Bach, intégrés dans la sonorité et discrètement nuancés.

Levit a trouvé un équilibre qui rend compte des constantes harmoniques et mélodiques de l'écriture, évidence acoustique sur des claviers anciens mais tour de force au piano moderne. L’ancrage dans une large pulsation, la pertinence du timing vont pousser les clavecinistes ‑ déjà défiés le mois dernier par l'épatant Benjamin Grosvenor dans la Partita en ré majeur ‑ à de plus audacieux exploits !

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