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Diapason # 630 (12/2014)
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Glossa
GCD921629




Code-barres / Barcode : 8424562016293 (ID479)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

« Hymen, c'est le jour de ta gloire. » Le premier mariage du Dauphin avait occasionné Platée, le second avec Marie‑Josèphe de Saxe en 1747 a suscité pour Versailles le présent opéra‑ballet, qui connut ensuite un succès certain. C'est une première au disque, offrant aussi un livret de la plus élégante facture, muni de commentaires nourris.

Il faudra rendre justice un jour à l'ingéniosité du librettiste Louis de Cahusac, qui fait miroiter avec force « ballets figurés » (mimant des saynètes) l'euphorie matrimoniale sous le patronage de trois dieux égyptiens et sensibles, chacun s'unissant à une mortelle au terme d'un processus de civilisation: Osiris convertit la farouche reine des Amazones aux charmes de l'amour et de l'horticulture, Canope sauve la belle Memphis d’un sacrifice humain dont il abolit l’usage, un concours de chant en l'honneur d'Isis consacre l'union d'Aruéris (alias Horus) avec Orie, sa mélodieuse lauréate.

De ce grand spectacle de cour, n'attendez pas de péripétie fulgurante, sinon pour la brève crue du Nil à double choeur machinée par Canope. Le reste du temps, l'enchantement est pour ainsi dire naturalisé en célébration pastorale, musettes comprises, abondée par une invention musicale qui s'épanouissait au dernier acte, portée par de grands interprètes.

Et aujourd'hui ? Se pourrait‑il qu'Hervé Niquet, à force de brocarder les livrets de Rameau, néglige de traiter avec assez de soins des objets délicats et dignes ? Fort d'un orchestre impérieux et d'un choeur incisif, mais peu enclins au chatoiement ou aux volutes, il opte pour un geste dru, qui prend parfois le hâtif pour le grand. Du prologue en apnée aux crispations du dernier acte, il tend à éroder l'économie du plein et du délié, des tensions et des détours. On y danse plutôt le poing serré, et la chaconne au bord du Nil gomme les nuances écrites.

La distribution vocale est inégale. Blandine Staskiewicz intéresse au moins par sa couleur, au contraire de Jennifer Borghi. Le chant de Carolyn Sampson brille dans ses dessins, mais cette Memphis est terne de mots. Son amant baryton montre avec de l'autorité une déclamation à raffiner. Si Chantal Santon‑Jeffery a du velouté, elle amollit un peu trop l'Amazone et son verbe, et son Orie sans aura rogne les prestiges apprêtés pour Marie Fell. Franc, éclatant, toujours intelligible, Mathias Vidal donne dans une vivacité plus amie de la comédie que de la grâce noble, de la distance qui sied aux figures mythologiques de Jélyotte. Mais Reinoud Van Mechelen respire la volupté éclairée qui baigne ce monde ‑ à faire souhaiter par la Dauphine de suivre plutôt un berger d'Egypte.

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