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Diapason # 664 (01/2018)
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ALPHA
ALPHA370




Code-barres / Barcode : 3760014193705

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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Partagé entre deux chefs­d'oeuvre extravertis, le programme risque d'étonner ceux qui connaissent le goût d'une polyphonie sans conflit,: splendidement ajustée, à l'éventail dynamique assez intime, dont l'ensemble vocal de Lionel Meunier a fait dès ses débuts une signature. L’échelle des deux partitions inquiète aussi. Un premier disque avec  "orchestre" (Cantates 106, 12, 131 et 150, cf. no 654) montrait Vox Luminis aux limites de ses possibilités, tantôt inspiré, tantôt encombré par un vocabulaire instrumental qu'il peine à intégrer dans son discours. À cet égard, le Magnificat on pouvait s'en douter, ne fait pas de cadeaux.

Le début n'est pas une mince déception. Peu de voix (deux par partie, donc dix) mais quelle inertie sous leurs mots! Dans ce tableau foisonnant, le savoir‑faire polyphonique qui permet à la sensibilité de Meunier de s'épanouir a cappella, chez Purcell ou Schütz, disparaît sous le déficit de direction. Les jeux d'insistance et d'accumulation du Fecit potentiam tourneront à vide. Plus loin, le point d'orgue posé avant le retour du motif initial (Sicut erat in princi­pio) ne cristallisera aucune tension, et résumera le problème.

Un orchestre ayant plus d'expérience et prenant plus d'initiatives aurait‑il donné aux volets rapides l'énergie chorégraphique qui manque ici cruellement ? La volonté de rendre à la musique vocale de Bach un grand orgue, comme en tribune à Saint­Thomas, se retourne contre un ensemble aussi peu rythmicien ‑ écoutez, en revanche, quel bénéfice en tire PauI McCreesh, pour colorer un choeur de cinq solistes. .. athlétiques (Archiv, Diapason d'or).

Dans le Quia respexit, hautbois et soprano portent la pudeur à la limite de l'absence (et réagissent à peine aux reliefs du parcours harmonique dessiné (par) Bach). On devine que Meunier, tout imprégné par l'exemple vénéré de Philippe Herreweghe, redoute dans Bach une posture démonstrative, mais il tombe dans l'excès inverse. Anonyme aussi, un Esurientes plus blanc que blanc, dont pas un sourire ne dépasse.

La fresque agitée peinte par Handel sur le psaume Dixit Dominus a rare­ment paru aussi longue. Devrions-nous tourner autour du pot ? Ou noter sans détour le manque flagrant d'orientation et de projection du discours (Virgam virtutis, Juravit Dominus), d'articulation des idées contrastées (fondues, horizontalement et verticalement, dans un Tu es sacerdos poussif), de relance du geste musical ? Certes, le chef‑baryton ne se facilite pas la tâche, en voulant diriger tout en chantant. A quoi bon, d'ailleurs ?

Retenons de l'album une option courageuse, sur un sujet que nous avons déjà soulevé dans ces pages. Meunier, contre l'usage et l'habitude qui font doubler le pas sur l'entrée du choeur pour Omnes generationes (IV), y conserve le tempo modéré du Quia respexit (111). Une continuité que, tout suggère dans le manuscrit, comme dans le Magnificat jumeau en mi bémol. Le musicologue Donald Tovey mettait déjà l'accent, il y a un siècle, sur le caractère tout autre que le mouve-ment (seul volet choral où les trompettes n'interviennent pas) révèle à ce tempo: l'image non plus d'une multitude combative mais d'une lente et puissante expansion (qui fait sens pour chanter « toutes les générations »). Et seul Joshua Rifkin, en 1982, s'y était risqué (Pro Arte) ! Ga­geons que Vox Luminis, au meilleur dans ce volet irréel Magnificat, fera plus d'émules.

 


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