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Diapason # 666 (03/2018)
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Glossa
GCD924002




Code-barres / Barcode : 8424562240025

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Comme Bertrand Tavernier assemblait, pour son génial « Voyage dans le cinéma français », des extraits par vingtaines (en DVD désormais), Benoît Dratwicki a sorti ses ciseaux et agencé un « Opéra pour trois rois ». Si l'oeil du cinéaste se concentrait sur quelques décennies pour mieux distinguer leur diversité, le directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles embrasse plus d'un siècle, dont il retient trente‑trois pages flatteuses, spectaculaires ou rares ‑ souvent tout à la fois. Trois masques allégoriques unifient les multiples personnages convoqués. Les didascalies posent des scotchs entre les scènes. 

Lully donne le ton avec l’Ouverture des Plaisirs de l'Île enchantée (1670), curieusement plombée par des percussions ‑ faut‑il vraiment que le CMBV cautionne un maquillage à la mode, historiquement incongru ? L'absence de Campra est un vrai souci dans une galerie qui vaut surtout par sa portée pédagogique. Un oubli ? Plutôt le symptôme d'une sélection très personnelle, dont le centre de gravité tombe en 1750. D'avant Hippolyte et Aricie (1733), nous aurons droit à dix minutes, sur une heure trente. Apprécions pourtant cette orientation vers une période qui a toujours réussi, au disque, à la fine sensibilité de György Vashegyi, et qui permet de multiplier les tableaux avec soliste(s) et choeur. Le plus étonnant sera la fresque bacchique lancée en chaconne puis développée, dix minutes durant, par Pancrace Royer (Le Pouvoir de l'amour, 1743). La scène avec orage de Colin de Blamont (Zéphyre et Flore, 1737) vaut aussi le détour, mais l'excellent choeur hongrois, une fois n'est pas coutume, y court après les notes.
Sans récitatifs ou quasi, la somptueuse salade versaillaise multiplie forcément les hiatus, qui ont certes un mérite: rendre immédiatement sensible la diversité d'écritures et de goûts entre ces figures brillantes. Personne, au fil des juxtapositions, ne sort à son avantage en passant après Rameau. On s'en doutait.

Pièce la plus tardive au programme, les Songes d’Atys (1780) nous montrent Piccinni coulant une musique charmante sur les vers de Quinault un siècle après Lully. Mais 1779 pose un jalon autrement emblématique, avec Gluck et trois numéros de son Iphigénie en Tauride ‑ emploi que Chantal Santon‑Jeffery, animée par une déclamation énergique mais figée quand « Ô malheureuse Iphigénie » appelle aussi le flux de la ligne, aurait dû avoir la sagesse de s'épargner. La scène de La Princesse de Navare, plus tendue qu'héroïque, la montre également à ses limites. D'une plage à l'autre, Thomas Dolié en impose avec une véhémence plus maîtrisée que nuancée. Emöke Barath domine sans peine le trio par sa qualité de timbres et sa distinction, qui lui confèrent une étoffe tragique inattendue dans les pleurs de Télaïre (Castor et Pollux).

Le CMBV, en nous mettant dix fois l'eau à la bouche par des noms oubliés, donne le bâton pour se faire battre. Voir tous ces efforts, ces talents, ce temps dépensés dans une tracklist érudite laisse songeur. En guise d'inédits, le tandem Versailes-Budapest nous promet cette année les Indes galantes. Version 1770. Très chic.   


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