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Diapason # 665 (02/2018)
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Analyste: Gaétan Naulleau

« Ce qui me gêne aujourd'hui avec les ensembles de musique ancienne, c'est que ce qu'ils savent, ils le savent de seconde main. Ils ne font plus de recherche par eux-mêmes. Ils sont nomreux à se montrer hostiles envers moi - c'est une sorte de régicide, naturellement. » En interview, Reinhard Goebel n'est pas réputé pour sa langue de bois. Celui qui fut un des champions du violon baroque et l'âme de Musica Antiqua KöIn a renoncé à la fois à son instrument, quand son corps le torturait, et à son armada athlétique. Mais leur force de caractère et d'imagination, immédiatement reconnaissable, enracinée dans une discipline orchestrale intraitable, n'a pas fini de nous saisir au disque. Les Brandebourgeois de 1987 ont fait trembler (ou hurler) le petit monde de la musique ancienne. Le message aux autres ensembles n'était pas seulement stylistique : et si vous vous mettiez vraiment à travailler ?

Trois décennies plus tard, le retour de Goebel à ce cahier, remonté au la 440 et rendu à des vents « modernes », fera grincer d'autres dents. Transfuge ? Prosélyte plutôt, soucieux de développer tous les outils les plus efficaces pour que nos formations « modernes » puissent revenir à Bach, Vivaldi ou Mozart dans un style compatible avec les leçons des instruments anciens Certains chefs « historiquement informés » s'imaginent le faire en priant les violons de jouer court, sautillant, et en pressant le pas pour masquer la minceur du propos. Goebel fulmine Il ne s'agit pas de jouer à moitié mais de jouer autrement, pleinement. Avec lui, l'Orchestre de chambre de Munich, dans quelques disques splendides, approchait étonnamment la texture et la palette d'articulations de Musica Antiqua Köln.

Si la différence est plus marquée dans le premier Brandebourgeois venu de Berlin, c'est avant tout par la couleur des cuivres. Rien à faire: même sous les lèvres de Radek Baborak, héros des Philharmoniker de 2002 à 2011, l'émission obstinément « ronde » du cor actuel tranche avec l'énergie des archets, qui épousent à merveille la rhétorique de Goebel. Sa battue, toujours enracinée dans une hiérarchie en montagnes russes des temps forts et faibles, est plus fluide aujourd'hui dans le premier allegro, mais l’Adagio curieusement pressé. Tous les
mouvements lents, d'ailleurs, appuient sur le champignon, hormis celui du Concert no 6: Goebel entend régler les tempos sur la grande pulsation de la basse, et non sur le dessin mélodique. Le geste expressif naît de l'harmonie, au-dessus de laquelle les lignes ont valeur d'ornements. Traitement d'autant plus redoutable au milieu du Concert no 2 que les deux autres volets s'enivrent de pure virtuosité sans jamais lever le pied entre deux réparties ou deux sections. Pourtant, avec des solistes de la trempe de Daniel Gaede, longtemps premier violon des Wiener Philharmoniker, cela respire !

L'Affettuoso du Concert no 5 ne s'épanche pas, vous l'aurez deviné, mais gagne en volubilité et en nonchalance galantes. Dans les allegros, le clavecin de Raphael Alpermann, fondu dans le décor par des micros coupables, ne risque pas de faire de l'ombre au jeune Andreas Staier, révélation de l'album Archiv.

À Roberto Gonzalez-Monjas, premier violon en alternance, reviennent les pirouettes d'un Concert no 4 énergique mais austère. Conclusion et point noir du cycle il y a trente ans, le Concert no 6 est le grand gagnant de ce remake. La frénésie systématique et appuyée qui tournait à l'auto-caricature n'est plus qu'un mauvais souvenir: Goebel fédère deux altistes fantastiques, aussi brillants chanteurs que danseurs. Et le Concert no 3 direz-vous, ce théâtre serré pour dix archets, qui a tant frappé les mélomanes de 1987, par la vélocité invraisemblable de la gigue, par les deux climax traumatiques du premier mouvement ? La construction rhétorique est intacte, donc renversante, malgré une acoustique peu propice à un tel fourmillement. Bilan mitigé, sujet complexe, mais n'hésitez pas une seconde, écoutez!

 

 


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